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UNE FILLE DE RONSARD
LA BERGÈRE ROSETTE

Ministre intègre et Mécène bienveillant, Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, Magny, Alincourt et autres lieux, est demeuré doublement célèbre. Les historiens ont conservé le souvenir de son rôle politique qui, durant près d’un demi-siècle, du milieu du règne de Charles IX au commencement de celui de Louis XIII, fut considérable et, quoi qu’en aient dit les pamphlétaires, souvent heureux. Les poètes, de leur côté, ont éternisé son esprit aussi affable qu’éclairé, en souvenir de ses bienfaits et des heures exquises qu’ils avaient passées dans sa maison de Conflans-l’Archevêque, à feuilleter les beaux livres de sa « librairie » et à respirer, sur les rives de la Seine, le parfum de ses orangers.

Cependant on ne sait plus guère aujourd’hui que le nom de la femme de Nicolas de Neufville, née le 21 mai 1546 de Claude de L’Aubespine, baron de Châteauneuf-sur-Cher (auquel Villeroy, son gendre depuis 1562, succéda en 1567 comme secrétaire d’État), et de Jeanne Bochetel. Madeleine de L’Aubespine, cependant, passait aux yeux de ses contemporains pour une personne remarquable et pour un écrivain de valeur. Dame d’honneur de Catherine de Médicis, elle comptait avec la reine de Navarre, la maréchale de Retz et Mlle de Surgères, parmi les lumières de la Cour. Elle avait, nous dit La Croix du Maine, traduit les Épitres d’Ovide et rimé une « infinité » de poèmes. Par malheur, l’auteur de la Bibliothèque française ne nous apprend rien au sujet de cette production demeurée inédite, et Ronsard,