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en litige y sont soigneusement énumérés. La question de Tarata, petit district hors de la zone fixée par le traité d’Ancon et occupé néanmoins par le Chili, se pose tout d’abord ; puis la conférence doit examiner s’il y a encore lieu à plébiscite, et fixer subsidiairement les conditions dans lesquelles il devrait alors s’effectuer : globalement, par zone ou bien par commune ; quelle autorité présidera aux opérations : commission mixte ou Puissance neutre ; qui aura droit de voter : immigrés chiliens, péruviens expulsés ou émigrés à rapatrier dans leur domicile, chaque catégorie donnant lieu à discussion. Il s’agit d’un département qui, en 1875, au dernier recensement avant l’occupation par le Chili, avait 35 700 habitants pour une superficie de 32 600 kilomètres carrés, dont 7 723 habitants et 4 978 kilomètres carrés pour la province de Tarata ; mais c’est avant tout une question de droit qu’il faut trancher, et les difficultés se presseront en foule, soulevées par une longue possession de fait. Comment reconstituer le corps électoral qui aurait dû voter en 1894 ? Est-il possible de négliger systématiquement tous les intérêts qui se sont développés au cours de la longue occupation chilienne, légitime ou non ? S’il est nettement établi que c’est bien par suite de la volonté du Chili que le plébiscite n’a pas eu lieu à l’époque fixée, n’y a-t-il pas lieu à compensation pécuniaire pour les importants bénéfices que le possesseur a tirés de l’exploitation des gisements minéraux, causes de la guerre ? Le protocole convient de recourir à l’arbitrage du Président des Etats-Unis. Le Parlement péruvien a déjà approuvé cette convention, qui n’a pas encore été soumise au Parlement chilien. On peut espérer que la politique intérieure n’influera pas sur la décision de cette question capitale et que le Parlement sanctionnera les sages propositions de son Gouvernement.

Nous approchons donc de la solution, et un incident assez pénible vient de marquer qu’elle est de plus en plus urgente. Dans sa session de 1922, le Conseil de la Société des Nations a élu pour président don Agustino Edwards, représentant du Chili qui, d’ailleurs, dirige les débats avec tact et compétence. Mais, dans les circonstances actuelles, le Gouvernement péruvien a jugé que son représentant, M. Cornejo, — auquel la vice-Présidence avait été offerte, — ne pouvait siéger sous la présidence d’un homme d’Etat chilien qui se trouve avoir joué, comme chancelier, le rôle le plus actif dans la « chilénisation »