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la quantité de matériel qui peut venir d’Europe. On constate que tous ces combats consistent en une attaque de front, forcément très coûteuse en hommes ; même en admettant que la nature du pays interdise les mouvements de grande envergure, il semble bien qu’on aurait pu tenter quelques manœuvres, puis une attaque de flanc qui aurait menacé les communications de l’adversaire ; mais sans doute l’encadrement et l’instruction des troupes encore novices ne le permettaient pas, et, en l’absence de renseignements suffisants, les résultats sont tels qu’il est impossible de critiquer le commandement chilien, qui a toujours eu l’initiative de l’attaque.

Tous les bâtiments de guerre qui restaient encore au Callao furent coulés par leur équipage et Pierola, réfugié de l’autre côté des Andes, essaya de renouer les négociations pour la paix ; mais le Gouvernement chilien refusa de traiter avec lui, l’accusant d’avoir traîtreusement rompu l’armistice le 14 janvier. Un Gouvernement provisoire se réunit à Lima, avec le docteur Francisco Garcia Calderon pour chef provisoire, et les négociations commencèrent. Mais des difficultés s’élevèrent et le docteur G. Calderon fut déporté à Santiago du Chili. Le président Pierola ayant démissionné, le contre-amiral Montero assurait la charge du Gouvernement comme vice-président et se refusait à toute cession de territoire. La médiation des États-Unis sembla prendre une forme concrète sous le président Garfield ; son secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Blaine, aurait voulu que la paix fût conclue sans annexion, mais avec des indemnités de guerre ; le représentant des États-Unis à Lima, qui soutenait cette idée, fut en conflit avec son collègue à Santiago, et M. Blaine envoya en mission spéciale M. W.-H. Prescot, qui devait reconnaître le Gouvernement provisoire de M. Calderon et écarter, provisoirement du moins, toute annexion de territoire. Mais M. Prescot avait à peine indiqué ce point de vue que la mort du général Garfield et le remplacement de M. Blaine changeaient ses instructions et le sens de sa mission : obéissant à contre-cœur, il admit que le Chili proposât des conditions encore plus dures que celles d’Arica, que le Gouvernement des Etats-Unis jugea lui-même exorbitantes. Après le départ de M. Prescot, les nouveaux ministres des États-Unis résidant auprès des Puissances belligérantes restèrent en opposition comme leurs prédécesseurs, annulant ainsi l’action de