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une proportion beaucoup trop forte ; et malheureusement il faut constater que cette disproportion se retrouve dans les pertes péruviennes de tous les combats, où le nombre des tués dépasse presque toujours celui des blessés, fait que l’acharnement de la lutte explique, mais n’excuse pas.

Dans cet assaut, qui dura moins d’une heure, les Chiliens perdaient 117 tués et 255 blessés, chiffres qui se retrouvent dans une proportion de 1 à 2, très normale pour un combat rapproché.

Dès la prise des forts, le Manco Capac, qui avait quitté son mouillage pour aider de son feu leur défense, fut abandonné par son équipage et coulé à pic, afin qu’il ne restât point aux mains de l’ennemi.


Des forces que le Pérou appelait les deux armées du Sud, c’est à peine si 1 500 hommes avaient pu gagner Aréquipa, où ils trouvaient quelques bataillons de réserve réunis trop tard et trop mal équipés pour avoir pu combattre à Tacna ; une division de 6 000 hommes s’y organisa, suffisante pour faire figure dans la défense locale du pays, impuissante à inquiéter le vainqueur.

La Bolivie constatait sa défaite, et, après avoir imposé silence à ceux qui réclamaient la paix immédiate, se bornait à organiser la défense des Andes, que le Chili n’avait d’ailleurs aucun intérêt à attaquer. Mais le Pérou discutait l’importance de ses revers et ne s’avouait pas vaincu. Sa marine était réduite à l’impuissance, son armée régulière avait été détruite dans de sanglants combats et, dans les classes dirigeantes, il n’était guère de famille qui n’eût perdu au moins l’un de ses membres. Néanmoins, le président Nicolas de Pierola ne cessait d’espérer la victoire et de prêcher la guerre à outrance ; il était soutenu par le patriotique enthousiasme de l’opinion et de la presse. Le 27 juin, il appelait aux armes toute la population de Lima pour réunir une armée de réserve dont l’effectif, révision faite, fut d’une quinzaine de mille hommes, qui se formèrent par corps de métier. Avec 5 ou 6 000 hommes qui restaient encore à Lima, on put constituer 4 divisions d’environ 5 000 hommes chacune. Le haut commandement était assuré : le général Buendia et l’amiral Montero étaient près du chef