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de courage et montrèrent une remarquable ténacité devant un ennemi supérieur en nombre, en instruction et en armement.

Le général Campero eut un instant la pensée de défendre la ville de Tacna, mais l’état de ses troupes ne lui permettait pas de continuer la lutte ; le général Campero et les Boliviens se retirèrent vers La Paz, l’amiral Montero sur Tarata et Pisco. L’ensemble de ces détachements faisait un total inférieur à 3 000 hommes.

Le colonel Baquedano dirigea ses efforts sur le port d’Arica, que commandait le colonel Bolognesi. Couvert par sa cavalerie, il fit rétablir assez facilement la voie ferrée entre Tacna et Arica, où les destructions avaient été insuffisantes, et 5 000 hommes sur Arica, dont les 3 000 de sa réserve qui n’avaient pas été engagés dans la bataille du 26 mai. Il fit sommer le colonel Bolognesi de rendre une place qui ne pouvait recevoir aucun secours ; le commandant de la Place, après avoir réuni le Conseil de défense, déclara qu’il était résolu à « sauver l’honneur de sa patrie et à résister jusqu’à ce qu’il eût brûlé sa dernière cartouche. »

La défense avait été assez solidement organisée ; trois petits fortins au Nord, deux au Sud, étaient réunis par un retranchement continu qui couvrait la ville de 3 000 habitants et le port ; le réduit de la défense était le Morro, colline fortifiée qui dominait la mer par un à-pic de 200 mètres, mais qui était médiocrement défendue du côté de la terre. Les ouvrages élevés à Arica avaient eu surtout pour objet de protéger la puissante artillerie qui défendait efficacement le mouillage contre la croisière chilienne. Enfin la batterie flottante le Manco Capac était mouillée dans la rade. La garnison de 2 000 hommes était composée surtout de volontaires peu instruits, sauf la compagnie de débarquement de la Independencia, la frégate péruvienne qui avait naufragé pendant le combat naval du 21 mai 1879, et dont l’équipage avait été recueilli par le Huascar ; le capitaine de vaisseau Moore, qui la commandait, avait sous ses ordres l’artillerie du Morro ; inconsolable de la perte de son navire, qu’il attribuait à une faute de manœuvre, il avait décidé de combattre en costume civil, jusqu’à ce qu’une action d’éclat lui eût donné le sentiment qu’il était redevenu digne de son uniforme.

Le colonel don Francisco Bolognesi, de famille originaire