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remarquablement préparée et commandée par le commandant du génie Martinez, avait débarqué à Ilo et avait pu s’avancer en dernier lieu jusqu’au centre de Maquegna, à une centaine de kilomètres dans l’intérieur. En mars 1880, l’armée chilienne s’avançait donc à coup sûr, mais avant de marcher sur Tacna, le général don Manuel Baquedano, qui avait remplacé le général Escola dans son commandement, voulut se débarrasser du corps péruvien établi dans la position historique de Los Angeles d’où il pouvait menacer ses communications.

En 1823, sur ces collines escarpées, le général espagnol Valdez, dont la gauche était commandée par le célèbre Espartero, duc de la Victoire, avait battu les Indépendants, mais en 1874, les troupes régulières du président Prado y avaient battu les insurgés de Pierola, en les tournant, et le général chilien ne l’ignorait pas. Le 22 mars, il tourna donc la droite péruvienne, tandis que la gauche était menacée par un large mouvement débordant, qui fut heureusement contenu par quelques compagnies : les Péruviens purent se replier sans trop de pertes.

Le port d’Arica était bloqué depuis le mois de février, mais la Union avait pu venir du Callao et forcer le blocus ; un combat naval indécis s’était engagé, et la nuit suivante la Union avait pu appareiller de nouveau et regagner le Callao, port de Lima. Pour éviter le retour de pareilles tentatives, une forte escadre chilienne bloqua le port du Callao à partir du 10 avril.

Cependant l’armée chilienne s’organisait dans la région Mollendo-Moquegna, et se préparait à franchir la zone désertique qui la séparait de la région Tacna-Arica ; il fallait assurer, non seulement le transport des munitions et des vivres, mais l’approvisionnement en eau, qui, pour une quinzaine de mille tonnes, nécessitait des moyens exceptionnels. Le colonel Carmacho, qui commandait les troupes boliviennes, était d’avis de marcher à la rencontre de l’ennemi pour l’attaquer au débouché du désert, avant qu’il ait eu le temps de se refaire. Le contre-amiral péruvien Montero, qui avait pris le commandement en chef, voulait l’attendre dans ses positions, et cette divergence de vues soulignait le désaccord qui existait dans le camp des Alliés. Pour y mettre fin, le général Campera -quitta La Paz et, comme chef d’État, assuma le commandement général à Tacna le 19 avril.