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que lui avait mérité son attitude virile en 1866, au moment des hostilités avec l’Espagne, s’était évanoui ; la gravité des événements l’avait dépassé. Conformément à la Constitution, il laissait ses fonctions au vice-président, le vieux général La Poerta qui, après une émeute et quelques jours d’agitation, s’effaça devant don Nicolas de Pierola, désigné par la voix populaire. Avec le titre de chef suprême de la République, Pierola fit son entrée solennelle dans Lima le 29 décembre.

Ancien journaliste, Nicolas de Pierola avait été ministre des Finances comme son père et avait montré dans la politique un esprit de décision et une audace qui avaient frappé l’imagination populaire. Exilé au Chili, il était revenu dès le début des hostilités. Son intelligence ouverte, sa connaissance de l’Europe où il avait voyagé, son adresse dans la tactique politique, lui assuraient la confiance des hommes politiques ; sa gestion financière comme ministre avait été sévèrement condamnée, mais son honnêteté personnelle, comme celle de son père restait au-dessus du soupçon. Tous s’inclinèrent devant lui et même ses anciens ennemis lui restèrent fidèles pendant toute la guerre.

Le général Daza, président de la République bolivienne, devait toute sa fortune à des intrigues politiques de bas étage ; son armée le méprisait et l’accusait de lâcheté. Le 27 décembre, il était venu de Tacna à Arica pour conférer avec l’amiral Montero et, au moment où il allait remonter dans son train, il reçut un télégramme lui annonçant que ses troupes l’avaient remplacé dans son commandement par le colonel Camacho et que, s’il retournait à Tacna, il avait toute chance d’y être fusillé. L’amiral Montero refusant d’intervenir en sa faveur, Daza se rendit à Aréquipa, où il apprit qu’une révolution avait eu lieu à La Paz et que le général Campero y avait été proclamé président de la République à sa place. Daza se réfugia à Panama, et puis à Paris.


La deuxième opération de l’armée chilienne commença comme la première : les 8 000 ou 9 000 alliés qui occupaient Tacna et Arica, furent tournés par un débarquement de 14 000 Chiliens, qui s’établirent dans les petits ports d’Ilo et de Mollendo, à 150 kilomètres environ dans le Nord de cette région. Dès la fin de décembre 1879, une petite reconnaissance chilienne,