Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

campagne, bien organisée et concentrée à Antofogasta, comprenait vingt mille hommes. Le ministre de la Guerre Sotomayor accompagnait le général en chef Escalada, et son activité organisatrice mettait à la disposition de l’armée et de la marine toutes les ressources du pays. Dans la zone péruvienne, le Président de la République, général Prado, avait pris le commandement de l’armée en campagne à Arica, où se trouvaient environ dix mille hommes ; à Tacna, le président de la République bolivienne, général Daza, commandait un corps de 4 000 Boliviens ; dans la province de Tarapaca, le général Buendia avait sous ses ordres une douzaine de mille hommes des deux nations, à Iquique, Pisagua et Tarapaca. Bien que les forces alliées fussent sous le commandement du président Prado, le vice du dualisme s’y révéla au cours des opérations. Un peu inférieure en effectifs, l’armée chilienne avait la supériorité de l’unité, du commandement placé hors de la politique, enfin d’un armement et d’une organisation plus modernes.

A la fin d’octobre, un corps de 10 000 Chiliens se formait à Antofogasta avec l’élite de l’armée : embarqué sur dix-neuf transports et escorté par quatre navires de guerre, il arrivait le 2 novembre devant Pisagua, au Nord d’Iquique. C’est seulement en mer que le point de débarquement et le plan de l’opération avaient été communiqués aux commandants d’unités : il s’agissait de se placer entre les troupes de Tarapaca et celles de Tacna et Arica ; dans cette position, les forces alliées étaient séparées en deux, et ne pouvaient se réunir que par des marches à travers des régions privées d’eau, dont la. traversée aurait nécessité un matériel qu’aucune prévision n’avait mis à leur disposition.

La baie de Pisagua était défendue par deux petits fortins séparés par une distance de quatre kilomètres ; la petite ville est tassée contre le fort du Sud ; une voie ferrée, s’élevant le long des collines parallèlement à la côte, avait été aménagée en tranchée. Mais cette longue ligne n’était défendue que par environ sept cents Boliviens, et une petite troupe de 300 marins péruviens et quelques volontaires. Les deux fortins, armés chacun d’un seul canon, furent facilement annihilés par le feu de l’escadre, qui se concentra ensuite sur la voie ferrée ; puis deux mille Chiliens débarquèrent sur deux points, et, après un combat assez vif, puisque 235 des assaillants furent hors de combat, la