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en juillet 1920 à Riga, de nouveau à Helsingfors en juillet 1921, ont préparé celle qui vient de se réunir à Varsovie et constaté une communauté d’intérêts entre les États baltiques. Le 17 mars, à Varsovie, une convention a été signée par les ministres des Affaires étrangères de Pologne, de Finlande, d’Esthonie et de Lettonie. Les quatre États confirment la reconnaissance réciproque des traités de paix qui, pour chacun d’eux, ont marqué la fin de l’état de guerre avec la Russie ; ils s’engagent à conclure entre eux, le plus tôt possible, des conventions commerciales, consulaires, d’option, d’extradition, etc. ; ils se garantissent mutuellement les droits de leurs minorités nationales sur leurs territoires respectifs. Cette convention sanctionne un désir commun de solidarité et de collaboration auquel la crainte d’un péril d’invasion de la part des Bolchévistes n’a pas été étrangère. Les signataires n’ont pas voulu aller jusqu’à l’alliance militaire, afin de ne pas donner même l’ombre d’un motif au Gouvernement de Moscou de se dire menacé et d’y trouver un prétexte pour une invasion. Ils ont le plus sincère désir de vivre en bonne intelligence et en relations commerciales avec la Russie ; mais si l’un d’eux était attaqué, les autres « se concerteraient immédiatement sur les mesures à prendre. » La convention de Varsovie est un succès pour la politique de la Pologne qui, par son attitude conciliante, a su inspirer confiance à ses voisins. Sans être membre de la Petite Entente, elle concerte avec elle sa ligne de conduite ; elle a des conventions avec la Tchécoslovaquie et la Roumanie. Ainsi la Pologne tend une main vers les États baltiques, l’autre vers Prague : à Varsovie se fait la conjonction du système baltique et du système danubien. Ce sont ces heureux résultats que M. Skirmunt, ministre des Affaires étrangères, est venu communiquer à M. Poincaré et à M. Lloyd George, avant d’aller à Gênes où la Petite Entente, la Pologne et l’Entente baltique soutiendront de leur influence et de leurs votes la politique de la France, alliée de la Belgique, amie de l’Angleterre et de l’Italie.

L’un des États baltiques, la Lituanie, est absent de la nouvelle combinaison, et on ne peut que le regretter, pour lui-même d’abord. Vilno a été jusqu’ici la pomme de discorde qui a empêché un rapprochement entre la Pologne et la Lituanie. Les Polonais considèrent que les récentes élections à la diète de Vilno règlent définitivement la question, ce que n’admettent pas les Lituaniens. Les Polonais qui viennent de dissoudre, un peu imprudemment, la diète, seraient bien avisés en accordant, à la région mixte de Vilno, un régime d’autonomie administrative ; la Lituanie, de son côté, ne peut pas méconnaître