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de France et à la Société de Philosophie ne sont pas encore achevées. Le grand homme (qu’on me permette dès maintenant de l’appeler de ce nom que mérite cent fois son génie) s’est prêté, dès le début, à ces controverses avec une bonne grâce qui a conquis tout le monde. Dès maintenant, les discussions ont pris une allure telle que je suis certain (mais j’en étais certain d’avance) qu’Einstein en sortira triomphant et avec un prestige désormais incontesté même des plus farouches misonéistes.

Je reviendrai, sitôt qu’elles seront achevées, sur ces passionnantes controverses auxquelles M. Painlevé a pris une part ardente, et d’où plus de clarté jaillit dès maintenant sur la théorie d’Einstein.

Pour aujourd’hui, — et c’est par là que je désire conclure, — je veux marquer que le bon sens et l’esprit de ce qui fait Paris : le monde de la pensée et le peuple, ont su faire au génial réformateur de la science, au Newton moderne, à cet homme aussi admirable par son attitude que par ses découvertes, l’accueil qu’il méritait, et qu’il avait souhaité lui-même de voir dénué de tout apparat, de tout ce qui eût le caractère d’une parade ou d’une représentation.

Toutes... ou du moins presque toutes les compagnies scientifiques dont les travaux d’Einstein touchent à quelque égard les préoccupations habituelles ont tenu à l’accueillir. Sans parler du Collège de France qui fut, si j’ose dire, le quartier général d’Einstein et le centre des discussions dont je reparlerai, il y a la Société de Philosophie qui l’a convié à une émouvante séance de discussions. Il y a aussi la Société astronomique de France, dont le président, l’éminent prince Bonaparte, a fait preuve, en la circonstance, d’une hauteur de vues digne de son grand nom, et qui a reçu également Einstein. Il y a la Société de Chimie Physique, qui a fait en son honneur une belle réception.

Quel regret pour moi de ne pouvoir ajouter à cette liste le nom de la Société française de Physique. De toutes nos sociétés scientifiques, celle qui aurait dû, semble-t-il, avant toute autre et plus que toute autre, accueillir Einstein avec gratitude et pour son plus grand profit, est celle-là. Car enfin c’est avant tout la Physique qu’a rénovée Einstein, il est d’abord et par-dessus tout le plus grand physicien de notre époque. La Société de Physique a voulu ignorer la présence d’Einstein à Paris, elle a en un mot pris à son égard une attitude peu différente de celle de « l’Association pour la défense de la Physique allemande » dont je parlais ci-dessus. — Cela est d’autant plus incompréhensible que le Président de la Société de physique, qui est