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REVUE SCIENTIFIQUE

EINSTEIN A PARIS

Après les États-Unis, après l’Italie, après Londres, où sa venue fut accueillie avec un enthousiasme et une admiration aussi vibrantes que respectueuses, Paris, couronnement nécessaire de toutes les gloires, a voulu à son tour recevoir Einstein.

Depuis lors, les gazettes et les conversations sont pleines à déborder de tout ce qui concerne ce géant de la pensée. Beaucoup de choses inexactes, quelques sottises et plusieurs erreurs ont échappé, dans ces conditions, — il ne faut point s’en étonner, — à certains de ceux qui en parlent et en écrivent, et dont le souci de sembler avertis a été parfois plus vif que celui de leur documentation.

Ayant eu l’honneur, pendant de longues heures, d’approcher cet homme extraordinaire, je voudrais aujourd’hui tâcher de mettre au point quelques-unes des légendes qui se sont déjà emparées de lui, et montrer, telle qu’elle m’est apparue, cette captivante physionomie.

Il existe au Collège de France une fondation d’ailleurs modeste, créée par un intelligent Mécène, M. Michonis, et dont les arrérages, conformément à la volonté du donateur, servent depuis peu d’années à convier périodiquement quelque illustre savant étranger à exposer ses découvertes dans ces amphithéâtres vénérables de la rue des Écoles où semble vibrer encore la parole des Renan et des Claude Bernard.

C’est ainsi qu’en 1913, l’illustre physicien Lorentz, — le Poincaré néerlandais, — plus récemment le grand historien italien Guglielmo Ferrero, et aussi naguère, si je ne me trompe, le savant roumain Jorga purent se faire entendre au Collège.