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Lycée Juif, dont le caractère est à la fois confessionnel et maçonnique. Il convient d’observer que même dans les établissements où domine l’influence askénazim, la langue française est souvent enseignée.

Les anciens élèves des écoles de l’Alliance ont fondé une Association amicale, qui est un ardent foyer de vie spirituelle et d’influence française. L’« Amicale » organise des conférences faites en français, patronne un cours de sténo-dactylographie pour les jeunes filles israélites, à qui elle procure ensuite des emplois, exerce enfin à l’intérieur de la communauté une action morale efficace et étendue par le moyen d’une « Commission d’intérêts intellectuels. » Tandis que l’Amicale s’occupe des œuvres d’instruction, d’autres associations administrent les orphelinats, les asiles et les hôpitaux institués pour les besoins de la communauté. Ainsi les Juifs ont su réaliser à leur profit, dans les cadres de l’Empire ottoman, une organisation nationale qui répond assez complètement à leurs besoins religieux et intellectuels, sociaux et économiques. Des nombreuses clientèles que la France possède dans le Levant, et qu’elle a le devoir de conserver, la clientèle juive est l’une de celles qui nous rendent le plus de services, et certainement celle qui en exige le moins de nous.


LES GRECS OTTOMANS

Avec les minorités chrétiennes, nous abordons le côté le plus scabreux de la question turque. Le problème grec et le problème arménien ont été exposés à plusieurs reprises en Angleterre, en France, en Amérique, avec le plus grand détail, par des spécialistes très autorisés. Je ne puis qu’en rappeler les termes essentiels et en marquer, pour ainsi dire, le dernier état. A l’époque où je me trouvais en Turquie, tout contribuait à entretenir chez les Grecs de Turquie une confiance que les événements n’ont pas justifiée et des ambitions qu’ils ne pourront jamais, à ce qu’il semble, réaliser complètement. Les armées helléniques triomphaient en Asie ; l’Angleterre ne mesurait ni son aide technique, ni son concours financier, ni son appui moral à ceux qu’elle avait élus pour ses soldats, pour les instruments de sa politique dans le Levant ; on annonçait la formation, tantôt à Midia, tantôt à Rodosto, d’une légion portant le nom