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passer. Mais s’il était le passager, lui ! S’il pouvait survoler son Sahara, lui !

Le général Laperrine n’était pas destiné à contempler les évolutions d’une escadrille d’avions au-dessus d’un des bordjs des oasis sahariennes ; avant que s’achevât l’année 1919, il avait été appelé au commandement de la division d’Alger. Le groupe d’avions devait partir d’Alger, il le verrait seulement partir.

Quels regrets ! Ce raid, c’est une véritable expédition aérienne ; mieux encore, c’est la conquête définitive du Sahara. « Il ne faudrait pas, déclare le général Nivelle, considérer cette première tentative de la traversée du Sahara en avion comme une simple manifestation sportive. C’est un voyage d’intérêt national que nous entreprenons. C’est grâce aux renseignements et aux photographies que rapporteront les observateurs qu’un service régulier pourra être organisé entre l’Algérie et le Soudan. Ce service nous permettra d’étudier la création du chemin de fer transsaharien. Vous n’ignorez pas que les problèmes soulevés par la guerre ont attiré l’attention sur les ressources considérables et de toute nature que possède notre empire colonial africain et sur la nécessité d’établir des relations sûres entre la métropole et les diverses parties de cet empire. Pendant la guerre, le Soudan n’a rien pu nous fournir. Tous les produits du pays restaient accumulés à Dakar, faute de navires pour les emporter. Et, finalement, ce sont les pays étrangers qui en ont profité. Ceci ne se serait pas produit si nous avions -eu le Transsaharien. L’avion est l’instrument tout désigné pour effectuer la reconnaissance du Sahara et pour en étudier la topographie, soit à vue, soit par photographie. »

Le 21 janvier 1920, la reconnaissance du Hoggar, formée par le régiment d’aviation Algérie-Tunisie, étant portée à cinq avions, des Bréguet 300 HP, tous les organes à terre étant en place, le général commandant en chef les troupes françaises de l’Afrique du Nord prescrivait le départ.


JOSE GERMAIN,

STEPHANE FAYE.