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Guerre, dans une décision du 1er février 1919, prévoyait la création de deux escadrilles sahariennes et de deux escadrilles de lisière saharienne. Déjà le général Laperrine se félicitait de cette initiative qui lui semblait devoir être féconde ; et en mars 1918, il avait assisté, la joie au cœur, a l’exécution d’un raid entre Ouargla et In-Salah sans le moindre accident et dont l’un de ses officiers les plus affectionnés, le commandant Sigonney, avait été le guide.

De plus, il savait que les antiques Farman étaient condamnés, et tout son espoir reposait sur des Bréguet 14 A2 300 HP dont on lui avait dit merveilles. Le 22 avril, trois d’entre eux avaient quitté Alger, placés sous les ordres du capitaine Dandy, et pilotés par le lieutenant Béchon, le lieutenant Picard et l’adjudant Bernard ; à bord de l’avion de ce dernier, le général Nivelle avait pris passage. Le petit groupe d’avions reconnut Laghouat, Ouargla et Gabès, et rentra à Alger au bout de six jours ; il avait parcouru 2 500 kilomètres. Le général Nivelle décidait, dès ce moment, que, en décembre, quatre avions Bréguet procéderaient à la reconnaissance du Hoggar, par Biskra, Ouargla, In-Salah, Tamanrasset.

Qu’on juge de l’enthousiasme du général Laperrine ! On allait survoler son Sahara ! Mais, nous l’avons constaté, cet apôtre est un sage. Il affirme immédiatement « qu’il faut étudier la question. » Certes, à son sens, l’avion est appelé à rendre au Sahara les services les plus éminents. N’est-il pas « l’instrument rêvé » pour les tournées d’inspections rapides ? N’est-il pas, dans une certaine mesure, le frère ailé de l’automobile et qui accomplira plus rapidement qu’elle les missions que lui a assignées le général ? Mais qu’on ne fonde pas de trop grands espoirs sur son rôle de combattant : il aura peine à rejoindre un rezzou pour le bombarder ; et, s’il s’acharne à le poursuivre, il risque de ne pouvoir regagner sa base ; l’avion devra donc se borner à exécuter des reconnaissances, et encore, à la condition que les pilotes connaissent le pays, car a dans le désert, personnes et choses se confondent si bien avec le terrain, surtout en montagne, qu’il serait impossible de faire une observation sûre. » Tel est aussi l’avis du général Laperrine, et il en arrive à conclure à la nécessité de pistes parfaitement jalonnées. « La question de pouvoir voler au Sahara en dehors des voies aériennes repérées et matérialisées sur le sol sans risquer une