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car les tribus elles-mêmes nous sont ralliées grâce à la politique vigoureuse et habile du grand Saharien. Si des foyers de sédition se rallument, les officiers qui continuent l’œuvre du général Laperrine sauront les éteindre ; l’un d’eux, en juillet 1920, installera définitivement la France africaine à Djanet ; et, depuis, la tranquillité règne au Sahara, devenu français par la conquête et par la force de séduction d’un digne fils de France. Le Sahara, du reste, ne jouit d’une parfaite sécurité que parce que la conquête, méthodique au point de vue militaire, a été aussi une conquête organisée dans tous ses détails, même les plus terre à terre, par le général Laperrine.


L’ORGANISATION DES MOYENS DE TRANSPORT : CHAMEAUX. — AUTOMOBILES

Pour l’apprécier, il suffit d’examiner quelles étaient les erreurs de l’organisation ou quels étaient les défauts des différents organes de la pénétration du Sahara avant l’arrivée du général Laperrine, les redressements ou les corrections qu’il leur a appliqués, les avertissements et les conseils qu’il a formulés à leur endroit pour ses successeurs sahariens.

Si la plus noble conquête de l’homme, selon Buffon, est le cheval, le chameau est en 1916 la plus noble conquête du Saharien. Or, le Saharien a abusé de cette conquête ; le méhari est devenu corvéable à merci. Quand un convoi libre arrivait à destination, les animaux qui, sous une charge souvent trop lourde, avaient accompli des étapes de six à huit cents kilomètres, étaient réquisitionnés de force et envoyés dans des régions dont leurs conducteurs ne connaissaient pas les pâturages. « C’était la mort à peu près certaine, » déclare le général Laperrine ; et, en fait, à Laghouat et à Touggourt, l’état du cheptel camelin, au début de 1917, était lamentable. Le général décida en conséquence de ne recourir à la réquisition que dans certains secteurs et en cas de nécessité absolue, mais en s’efforçant d’en diminuer les inconvénients. Les convois durent ne fonctionner que par échelons, les chefs de convois furent responsables de la marche de leur caravane, du choix des pâturages, des points de séjour. Quant aux indigènes qui, si l’on abusait de leurs montures, abusaient eux-mêmes de la situation, en fournissant des animaux harassés ou en ne changeant pas les bêtes en bon état dès le premier pâturage pour que les « carnes » qui crèveraient