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forcée à rétrograder sans qu’elle ait pu réaliser ses espérances. Voilà les résultats favorables. Mais voici, en octobre, de nouvelles difficultés, et une menace grosse de périls.


L’EXPÉDITION DE POMMIER CONTRE LES AZGUEURS

On a appris, le 15 octobre 1918, qu’un peloton de cette compagnie saharienne de Tunisie qui a été détachée des compagnies moins d’un an auparavant, avait été attaqué alors qu’il se trouvait au pâturage à huit kilomètres de Bir Kecira ; un secours expédié rapidement a pu le dégager ; mais on n’a pas poursuivi l’assaillant : les mêmes causes engendrent toujours les mêmes faiblesses. « Le combat avait été d’une violence inouïe, et, à la façon dont l’ennemi avait manœuvré, et organisé un poste de secours et un poste de commandement dont on retrouva l’installation après sa retraite, on peut supposer qu’il était commandé par des officiers turcs ou allemands. » Le général ne se désintéresse pas de cet événement, qui pourtant ne le concerne plus directement : il est l’apôtre des coopérations et des solidarités sahariennes. Il sait qu’il ne s’adressera pas en vain à ses amis les Chaambas d’Ouargla ; un goum est promptement formé ; l’expédition est prête au bout de quinze jours. Elle pousse une pointe hardie au delà même de Ghadamès ; les rebelles désemparés ne résistent pas à son choc ; elle peut rentrer à Ouargla le 3 décembre après avoir accompli heureusement sa mission. Le général Laperrine se réjouit et le proclame : « La riposte des Chaambas d’Ouargla à l’attaque sur la compagnie saharienne de Tunisie est venue prouver aux Tripolitains la solidarité des Français de Tunisie et d’Algérie. »

Visiblement, les insoumis, pourtant soutenus par la propagande et par le concours matériel de nos ennemis d’Europe, au moment même où ces ennemis reçoivent en Europe le coup de grâce, sentent que l’heure est venue de se soumettre, ne fût-ce qu’en apparence. Après la rentrée triomphale de Moussa ag Amastane dans son Hoggar où le terrain ne se dérobe plus sous ses pas et où sont rentrés même un certain nombre de Taïtogs, si difficiles à apprivoiser, les chefs azgueurs semblent se courber devant la fatalité. « Aux lettres presque insolentes qui avaient répondu, en décembre 1917, à celles de Moussa, succédaient