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enfin Tombouctou. Tout le long de sa route, il a assuré, par T. S. F. ou par courrier, les fonctions de détachements dans l’Erg d’Iguidi, la coopération des méharistes du Touat avec les détachements de la région de Tombouctou ; il a veillé à ce qu’aucun répit ne fût laissé aux Azgueurs, pillards impénitents. A Tombouctou, il sent qu’à présent, grâce à lui, les indigènes comprennent que l’unité de commandement et l’unité de vues existent au Sahara et que, lorsque la France veut, elle peut tout. Il ne rentrera à Ouargla que le 22 octobre 1918. Mais il pourra enregistrer là des résultats encourageants, bien qu’incomplets encore.

Khaoussen, en février 1918, s’est remis à razzier. Mal lui en a pris ; au premier choc, il a été bousculé par nos méharistes ; et, au moment où il croyait les avoir dépistés, il s’est heurté à Moussa ag Amastane, qui l’a accroché et lui a infligé une rude leçon. Depuis lors, il a été manœuvré, par nos méharistes et par les Hoggars de Moussa qui, à chaque rencontre, le culbutent ; il ne trouve plus de ressource que dans la fuite. S’il reste encore capable de s’aventurer dans quelques rezzous, c’est parce que nos postes de T. S. F., qui fonctionnent mal, n’avertissent pas à temps nos groupes mobiles et ne leur permettent pas de coordonner leurs opérations. Mais, à la fin de juin 1918, l’Air semble soumis ; Khaoussen est en fuite ; Moussa est rentré dans son Hggar, si satisfait de sa campagne qu’il avertit son cher général qu’il est prêt à coopérer contre les Azgueurs.

En mars 1918, dans la région de Tombouctou, un de nos détachements a dû se replier après avoir été quelque peu éprouvé dans une embuscade où il est tombé. Mais la contre-offensive a été rapide ; et, de ce côté encore, le général Laperrine a suscité un dévouement. Maïmoun, un chef de dix-sept ans, coopère avec nos Sahariens à la tête de ses Kountas ; son aide, dès le début, paraît des plus appréciables. Comme « le général des enfants » a eu d’heureuses inspirations les jours où il leur a fait disputer des matchs et où il a distribué des sous aux vainqueurs ! Avec leur aide, ou sans leur aide, son effort commence peu à peu à porter ses fruits. Au cours du même mois de mars 1918, la bande de Brahim ag Abakada a reparu ; elle a réussi quelques passes d’armes heureuses ; elle a tenté une équipée dans la direction d’El-Golea ; au bout de quinze jours, la compagnie saharienne du Tidikelt l’a mise à la raison et