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ramener des éléments vers In-Salah dans des camionnettes automobiles. » Tel est un des vices capitaux auxquels le général n’a pas pu encore remédier complètement. Et pourtant il sent que dans ce remède réside partiellement le salut, car, en avril, il a lancé au delà de Fort-Flatters un groupe important de réguliers dont la présence « a suffi à faire une forte impression sur les nomades dissidents. » Cette impression a été si réelle que les contrebandiers qui colportaient dans les pays azgueurs des brochures anti-françaises rédigées en arabe n’ont pas pu semer la mauvaise parole dans un terrain désormais réfractaire. Que n’est-on capable d’en user partout ainsi !

On s’était rendu compte en haut lieu que les effectifs du général Laperrine ne pouvaient suffire à remplir la tâche qui lui avait été assignée. Le 12 novembre 1917, une note ministérielle détachait de son commandement le Sahara tunisien en même temps que la compagnie saharienne de Tunisie ; ainsi débarrassé de la surveillance et de la pacification d’un territoire très vaste, il allait pouvoir, raccourcissant le bras, porter, en une brusque détente, des coups plus rudes, et peut-être décisifs. D’ailleurs, il s’était déjà fait la main sur l’audacieux Khaoussen. Si Ebbheu a su se dérober, Khaoussen a failli payer pour lui. Khaoussen a cru qu’une fois les colonnes Mourin et Berger disloquées, le champ redevenait libre. Il s’est avancé, arrogant d’un succès qu’il escompte, plein de confiance dans son armement qu’il estime irrésistible. A cent kilomètres d’Agadès, brusquement, deux colonnes de nos méharistes et de nos auxiliaires l’ont attaqué sur les deux flancs, l’ont enveloppé, ont disloqué sa bande, l’ont écrasée, l’ont mise en fuite ; elle a laissé sur le terrain un canon, un trépied de mitrailleuse, environ seize mille cartouches Martini, quatre mille cartouches pour mitrailleuses, plus de deux cents obus, et soixante-quatorze morts. Il a semblé qu’on en avait fini avec Khaoussen. Mais, l’insuffisance de nos moyens n’échappait pas à nos ennemis. Malgré la violence du coup qui lui avait été porté en juillet 1917, il est revenu à la charge fin août et a assailli une de nos reconnaissances, sans grand dommage pour nous, d’ailleurs. Enhardi, il a recommencé en octobre ; il n’a pas hésité à rentrer dans l’Aïr ; mais on lui a rendu d’abord coup pour coup ; puis, par trois fois, il a subi notre offensive ; mais, à la fin, lui aussi, il a réussi à gagner la montagne. Nos méharistes, qui avaient