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Sur le territoire de Zinder, la situation est meilleure. Dès que le général Laperrine a mis en œuvre les moyens nécessaires pour dégager Agadès, la décision a été obtenue. Les colonnes Mourin et Berger, dès le 3 mars, ont débloqué le poste. Mais les contingents lancés à la poursuite de Khaoussen, après l’avoir encerclé à Tinia, n’ont point réussi à l’empêcher de s’échapper ; les colonnes se sont disloquées le 25 juin pour rejoindre leurs territoires respectifs ; mais on reste ici exposé à une nouvelle agression ; et, bien que les troupes anglaises nous aient aidé à châtier les Touareg, la sécurité demeure encore incomplète. Les alertes se succèdent dans la région de la Saoura, du Touat, de l’Erg Iguidi ; les aventuriers de tout le Sahara occidental ont razzié le territoire de Tombouctou, pendant que les forces mobiles coopéraient au dégagement d’Agadès. Par bonheur, les tribus amies ne sont pas entamées, et quand la colonne Berger rentre fin juin, les bandes pillardes refluent vers le Nord-Ouest de Bamba. Si donc, fin 1917, une quinzaine après son retour à Ouargla, le général Laperrine peut constater que ses mesures défensives ont été efficaces, s’il peut se flatter d’avoir purgé d’ennemis les territoires qui en étaient infestés lors de sa prise de commandement, le Sahara, aussi loin que ses efforts jusqu’à 1910 en ont porté les limites, n’est pourtant pas intégralement récupéré, et reste sous la menace de chefs intraitables, d’un Ebbheu, d’un Khaoussen, prêts à se jeter tête baissée partout où une brèche est ouverte ; et, des brèches ouvertes, il y en a partout, même dans les âmes de nos partisans d’avant-guerre.


L’ACTION OFFENSIVE

Le deuxième semestre de l’année 1917 va-t-il permettre au général de prendre l’offensive ? En a-t-il les moyens ? Les détachements restent privés de bonnes montures ; comment arriveraient-ils à se porter les uns au secours des autres et à coopérer ? Comment arriveraient-ils à aller audacieusement inquiéter l’ennemi dans les repaires où il se croit en sécurité pour préparer ses coups de main et les exécuter à son heure ? Ecoutons les doléances du général. « Les détachements sont mal montés... Trop souvent, les tribus soumises doivent se défendre seules, nos groupes mobiles étant démontés, et force étant d’en