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seront alimentées » au Tidikelt par la présence de cette troupe de cavalerie ; les bruits d’évacuation seront démentis. A peine est-il arrivé à In-Salah que l’événement confirme ses prévisions ; les chefs accourent à lui, implorent sa protection, sollicitent d’être épargnés par des réquisitions excessives et incohérentes... Il leur répond que le ministre de la Guerre est en complet accord à ce sujet avec lui ; les réquisitions cesseront ; et qu’a-t-il besoin de les protéger ? Ils se défendront eux-mêmes, s’il le faut ; voici des armes.

Puis il court à la région du Touat. Ces populations qu’on lui représente à la veille d’une révolte, il juge qu’on les a trop laissées à la merci des Berabers et des autres nomades pillards ; elles sont infestées d’espions ; et pourtant, elles aussi, elles sont désarmées. Le général laisse à Adrar son peloton de spahis ; il appelle des détachements de tirailleurs et de mitrailleurs ; il reconstitue un groupe mobile de la Saoura pour « démontrer dans l’Iguidi que nous ne sommes pas aussi bas qu’on voulait bien le dire, et que tout agresseur peut s’attirer de sérieuses représailles. » Mais il décide que les Djemaa coopéreront avec nous ; pour eux aussi, voici des fusils à pierre et à piston.

Le 15 juin, le général est rentré à Ouargla. « J’ai constaté les vices capitaux de l’organisation saharienne et je pourrai provoquer d’urgence un certain nombre de mesures importantes. » A le lire, on croirait qu’il n’a rien tenté encore, rien exécuté. Ce général est de ceux que l’action sollicite, et qui estiment que rien n’a été fait tant qu’il reste à faire quelque chose.

Or, il reste beaucoup à faire. Dans les territoires du Tidikelt et du Hoggar, Ebbheu ag Rhebelli, venu en 1916 des confins tripolitains et de la région de Djanet avec une bande fortement armée, reste encore invaincu. C’est lui qui a dirigé l’assassinat du Père de Foucauld, c’est lui qui a détourné de leurs devoirs les tribus du Hoggar sur lesquelles nous avions fondé le plus d’espoirs ; c’est lui qui a fait autour de Moussa ag Amastane un vide inquiétant. Le 5 avril, il a attiré dans une embuscade un groupe franc, commandé par un capitaine, et lui a tué onze hommes, et pris trente-cinq chameaux. Il apparaît si dangereux que des renforts qui se sont portés à sa rencontre n’ont pas estimé prudent de se mesurer à lui et se sont repliés sur Fort-Motylinski ; on a préféré entreprendre des négociations par le canal de Moussa ag Amastane ; inutilement d’ailleurs : Moussa a