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Camargue, j’espère bien, mon cher ami, vous payer et payer à Mme de Pontmartin la dette de ma vieille, inaltérable amitié.


12 mai 1908.

Un journal m’apprend la mort de Mme de Montalet : et cette évocation d’un lointain souvenir me ramène au Plantier de nos jeunes années, tandis que je suis ici les convois des compagnons de l’âge mûr, Gebhart, Halévy, bientôt sans doute Coppée et Boissier, tous deux gravement atteints...

Vous et moi, cher ami, allons être bientôt sur le faite de la montagne d’où l’on ne voit plus, en se retournant, que des tombeaux. J’ai voulu vous serrer la main au bord de celui qui se rouvre à Notre-Dame d’Ay pour une de vos proches.


29 décembre 1908.

Cher ami,

Qu’elle vous soit légère, — autant que peuvent l’être des pendeloques de surcharge qui s’accrochent à treize lustres bientôt, — légère à Mme de Pontmartin et à vous, cette année qui va commencer sur un globe apocalyptiquement secoué ! Ma pauvre Messine, vieille hôtellerie de tant de passages ! Je passerai devant ses ruines dans une quinzaine, le cap sur Ismaïlia.

Pourrai-je m’arrêter avant Marseille ? J’en doute... Au retour plutôt.

Souhaits de cœur, hommages et poignée de main.


9 avril 1909.

Souhaits de bonne fête à la maison des Angles entrevue au passage l’autre jour. Hélas ! le paquebot qui me ramenait de Port-Saïd m’a débarqué la veille du jour où une obligation me rappelait à Paris. Cette fois encore je n’ai pu que passer, j’ai dû brûler Arles et Avignon. Et je vais repartir prochainement, comme ces grenadiers qui allaient des Pyramides à Borodino, pour représenter l’Académie aux solennités moscovites du centenaire de Gogol. Je dérouille mon russe pour pérorer et toaster parmi des gens que je n’ai pas revus depuis vingt ans. Rares seront sans doute les survivants que je retrouverai. Hier, en traversant le Jardin d’Acclimatation, j’ai aperçu une baraque où l’on exhumait le panorama du « Tout-Paris » de 1889 : je suis entré ; j’ai compté dix vivants parmi toutes ces ombres des