Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/796

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme un forçat nuit et jour. — Non, je ne veux pas attendre pour vous dire, — avec mon admiration accoutumée devant les prodiges de la plus impeccable mémoire de France, — notre gratitude émue pour votre délicate pensée. Merci, et vœux sincères pour que vous et Mme de Pontmartin fêtiez paisiblement le même anniversaire [1].


24 décembre 1903.

Mon cher ami,

Que ceci porte mes souhaits de bonne fête dans la paix des Angles, à vous, à Mme de Pontmartin. Je me voudrais dans ce refuge durant ces jours où l’on devient à Paris un cheval de fiacre ahuri par les plus sottes corvées. J’espère du moins qu’une descente dans le Midi me ramènera, pour quelques heures, sous votre toit, cet hiver ; en novembre, j’ai fait une pointe en Camargue ; mais si précipitée, si exclusivement consacrée aux affaires, que je n’ai pu m’arrêter à Avignon. J’avais pourtant rencontré à Giraud votre aimable voisine, Mme V., et lui avais promis d’aller revoir, sous ses auspices, la Chartreuse de Villeneuve : je ferai quelque jour honneur à ma promesse et me partagerai entre les Angles et Pierrelante. — Pour le quart d’heure, il faut se remettre au travail. — Le succès du Maître de la mer m’y encourage : vingt éditions réelles en moins de trois mois, c’est un signe des temps ; le public accepte, il demande aujourd’hui du roman d’idées ; on peut l’emmener sur des routes lointaines et peu frayées...


28 février 1904.

Mon cher ami.

Je ne vous ai pas encore remercié de votre envoi : je voulais d’abord en prendre connaissance. C’est fait : j’ai lu le gros volume de la première à la dernière ligne comme un roman, le roman de ma jeunesse et de mes plus vifs souvenirs [2]. Le bon Biré ne m’apprenait pas grand’chose ; chaque nom, chaque épisode était gravé dans ma mémoire, déposé tout au fond, depuis longtemps, par les conversations de votre père ou par les vôtres, par les lectures faites à l’âge où l’on emmagasine pour toujours. Mais quelle douceur mélancolique de les voir

  1. Henri de Pontmartin avait adressé ses félicitations à son ami, qui fêtait ses noces d’argent.
  2. Armand de Pontmartin. Sa vie et ses œuvres (1811-1890), par Edmond Biré. 1 vol. ; Garnier.