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Chambre des Députés.


1er décembre 1894.

Mon cher ami,

Un vieux bonjour du 2 décembre en montant dans le train ; vous le recevrez, tandis que je parlerai demain à Lyon, où l’Alliance française me demande une conférence, et où je vais reprendre des idées exposées à la tribune ; mais h. la tribune on ne reçoit pas de prix d’encouragement, surtout quand on manque d’égards à la sacro-sainte routine administrative du peuple franc. J’ai eu mon jour de bataille, et je n’aurai sans doute que des journées dans ce genre, dans une Chambre où je me sens pierre de scandale. Vous retrouverez ma thèse dans la Revue de ce mois [1]. Tout cela fait beaucoup de choses, beaucoup de travail et de fatigues ; je suis sur les dents comme une bête de meute depuis quinze jours, et la correspondance est bannie du programme de mes plaisirs.

J’ai voulu pourtant vous serrer la main à cette date ; je pense à vous quand je bois du « Camp de César, » devenu l’ordinaire de la maison ; le Rhône que je toucherai demain vous descendra le reste. J’irai passer vingt-quatre heures à Annonay ; puis, à la besogne de nouveau, et au budget !

Cordialement à vous.


Paris, 1er décembre 1896.

Mon cher ami.

Je me reproche depuis longtemps de ne pas solliciter les nouvelles de votre santé que vous ne me donnez point. Accusez le poids de travail que chaque matin ramène et qui me force à procrastiner toute correspondance, sauf cette lèpre des correspondances électorales.

Je veux pourtant me souvenir que ces dates nous mettaient la plume à la main autrefois ; quand la brume dont novembre inonde le ciel bleu était encore bien loin sur notre horizon, quand paraissait encore près ce 2 décembre aujourd’hui oublié, absous, regretté tout bas par plus d’un.

Et j’ai un autre motif pour ne pas remettre. Je dois vous présenter l’enfant qui naît aujourd’hui et vous arrivera demain. Je ne sais si cette tentative vous surprendra ; je m’étais

  1. Voyez, dans la Revue du 1er décembre 1894, Madagascar et la colonisation française.