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Chronique 31 mars 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Le 22 mars, les trois ministres des Affaires étrangères de France, de Grande-Bretagne et d’Italie se sont enfin réunis au quai d’Orsay dans le dessein de chercher une issue à l’inextricable situation orientale, d’assurer la paix et de préparer un avenir meilleur à des peuples qui sont en guerre depuis 1912. En politique, comme en médecine, quand on laisse la plaie s’envenimer, la maladie se généraliser, il n’est plus de remède. Il était facile, durant les mois qui ont suivi l’armistice du 30 octobre 1918, et il eût été juste, de résoudre la question ottomane et de créer dans le Proche-Orient un ordre nouveau fondé, par la victoire des Alliés, sur les principes dont ils s’étaient réclamés durant la guerre et pour l’établissement de la paix. On oublie trop que les conférences d’aujourd’hui ont pour objet de préparer une conclusion pacifique, non seulement à la récente guerre turco-grecque, mais surtout à la participation des Turcs à la guerre déchaînée par l’Allemagne. Le Traité de Sèvres s’étant révélé inapplicable avant même d’être conclu, il faut l’amender, le remanier profondément. Il est bon de rappeler que le Gouvernement jeune-turc a délibérément jeté l’Empire ottoman dans la lutte contre la France et l’Angleterre, qui tant de fois avaient sauvé son existence, et que son intervention leur a coûté très cher. C’est tout ce passé douloureux qu’il s’agit maintenant de liquider et dont il faut autant que possible réparer les conséquences.

Le Times du 22 mars reconnaît que le Gouvernement britannique est, pour une large part, responsable de la situation actuelle pour avoir persisté trop longtemps à encourager les ambitions excessives de la Grèce. Ce n’est pas assez dire. Les responsabilités britanniques remontent plus haut et sont plus lourdes. La convention d’armistice, hâtivement rédigée par l’amiral Calthorpe, donnait cependant aux