Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme Vera Sergine donne grande allure au personnage de Domitia. M. Grétillat est impressionnant en Domitien toujours écumant.


Au cours de ses fines causeries sur la Couvée nouvelle, M. Marcel Prévost nous montrait, avec un sourire indulgent, les parents d’aujourd’hui occupés à préparer les divertissements de leur progéniture pour les jours de congé. Ils mèneront sûrement leurs enfants au théâtre Albert Ier, voir Un million dans une main d’enfant, joué par une troupe en partie composée d’enfants.

On connaît ces charmants récits où Alfred Machard fait vivre et parler les enfants, comme Poulbot les dessine avec son crayon. De son roman publié sous le même titre il a tiré une comédie joliment sentimentale, égayée de maints épisodes. Une musique légère court à travers les scènes. Quant à l’interprétation, elle est remarquable. Toute en longueur, avec un minimum de gestes et de mines, Marfa Dhervilly joue le rôle de la méchante Mlle Muche, de la façon la plus divertissante. Et on sait quels comédiens accomplis sont les enfants, le plus naturellement du monde et d’instinct. Tous les petits comédiens du théâtre Albert Ier jouent avec la même justesse. Et il y a une petite Lily, dénommée « la plus petite comédienne du monde, » qui possède un don du comique vraiment étonnant : elle est la joie du spectacle.


J’ai toujours pensé que les délicieux proverbes de Gérard d’Houville, écrits pour être lus, feraient merveille à être joués. Seulement il y faut beaucoup d’art et de goût. La Casa d’Arlecchin, théâtre d’amateurs, vient de monter On ne saurait penser à tout, avec un art et un goût qui ne seront jamais surpassés. Nos lecteurs n’ont pas oublié l’aventure ironique de ce professeur Tartaglia qui, l’envie lui étant venue sur le tard de se consacrer désormais à l’amour, s’en va par les rues de Venise et revient dûment instruit et guéri par tout ce qu’il y a vu. Une scène à la dimension de ces gracieux tableautins, un décor qui aide au rêve et ne l’étouffé pas, des costumes dont chacun est une pièce de collection, des acteurs hommes d’esprit, des comédiennes qui sont de charmantes femmes du monde, tout cet ensemble harmonieux et rare mis autour d’une prose ailée, au service d’une fantaisie spirituelle et profonde, compose un spectacle à ravir l’esprit et les yeux.


RENE DOUMIC.