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possèdent quelques milliers de nobles : quand on tire sur le tsar, leur dieu protecteur, ils sont persuadés que c’est à l’instigation des nobles pour prévenir le nouveau partage des terres que leur destine leur père le tsar. Donc, l’avenir plus ou moins prochain de ce pays, de l’avis des gens les plus intelligents ici, est une guerre agraire à forme russe, une nouvelle Pougatcheftchina. Relisez Pougatchef et vous saurez ce qui se passera un jour en Russie. Vous me direz que cette lettre pourrait être signée M. Josse. Pas tout à fait, car des raisons de situation m’ont impérieusement et impérialement dicté un dernier paragraphe qui devait faire avaler la pilule, mais que je ne pense pas, et qui disparaîtra d’une édition future. La question ainsi posée se réduit à savoir combien de temps la formidable armée du tsar sera préservée du travail de propagande et, partant, propre à écraser une jacquerie. A quel moment, dans cette armée sortie du peuple, les L... et les B... seront-ils assez nombreux pour que la révolte puisse braver les crosses en l’air ? Pas de si tôt, bien certainement, mais ce jour arrivera enfin : si la révolution se fait avant, on pourra l’écraser et en tirer seulement une constitution quelconque pour le plaisir des professeurs ; si elle a la sagesse d’attendre la crise psychologique de l’armée, ce sera une décomposition sociale sans exemple dans l’histoire, car il n’y a dans ce pays de la pyramide renversée d’autre soutien à l’édifice que la baïonnette ; il n’y en a pas d’autre. Dixi...


Au même


4 décembre 1879.

Mon cher Henri,

Merci de vous être fait le commissionnaire de mon volume dans la presse méridionale [1] ; je ne sais comment rendre mes « actions de grâce, » ainsi que disait notre cher abbé Pâlot, à votre père et à vous, pour avoir si magnifiquement retourné le proverbe sur les torts des absents. Je remercie tous les Elysée Méraut qui voudront bien emboîter le pas, sur votre recommandation, au critique parisien. J’ai su que, dans les premiers jours de novembre, une moitié de l’édition, parue le 5, était vendue...

Vous aurez appris par les feuilles publiques la tragique

  1. Le Fils de Pierre le Grand, 1 vol. in-18 ; Calmann-Lévy ; épuisé.