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n’auraient pas, en effet, l’empreinte profonde de l’éducation et même plus, les habitudes du cœur françaises.

D’autre part, la Métropole ne doit pas tolérer de nos jours, par un libéralisme exagéré, que des instituteurs indigènes égarés deviennent les artisans d’un communisme révolutionnaire, et que, sous prétexte de groupements professionnels, ils en arrivent à défendre leurs intérêts indigènes contre ce qu’ils appellent des lois et règlements d’exception, répandant des tracts qui placent leurs revendications au-dessus de leurs intérêts corporatifs. Dans une circulaire récente, M. Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique, mettait en garde le corps enseignant contre l’insubordination de ceux de ses membres qui, invoquant le principe de la liberté d’opinion, organisent ainsi une véritable propagande révolutionnaire ; en Algérie, la chose mérite, assurément, d’être examinée de très près.

De ce qui précède, ressort la nécessité d’assurer l’instruction professionnelle. Un effort a été réalisé par la direction des Affaires indigènes du Gouvernement général à Alger ; on a fondé des écoles de maçonnerie, de menuiserie, de vannerie, de céramique, de poterie, des ateliers divers d’apprentissage, en somme quatorze écoles professionnelles avec des fermes également écoles. Attendons de cette œuvre d’utiles résultats, sans nous dissimuler, néanmoins, que la meilleure école d’agriculture pour l’indigène sera toujours la ferme européenne où il parviendra à acquérir la pratique des méthodes modernes. On évitera ainsi la formation des déclassés, plaie de la colonie ; enfin puisse-t-on apporter quelque circonspection dans l’attribution des bourses qui donnent accès à nos grands établissements scolaires et d’où sortent, ensuite, ces jeunes gens qui souvent nous paient d’ingratitude !

Surveillons également certaines œuvres d’éducation indigène qui sont venues exercer dans la colonie, notamment en Kabylie où la mission évangélique américaine poursuit, avec de larges moyens financiers, un vaste programme. Assurément le but est moralisateur, nous aurions mauvaise grâce à le désavouer, et cependant l’entreprise aux mains d’une organisation étrangère appelle un sérieux contrôle ; rappelons-nous ce qui se passa à Madagascar où des missions analogues créèrent aux débuts de notre établissement nombre de difficultés.

En résumé, il semble que l’on n’a pas toujours su interprêter