Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est faite de mesure et de souplesse. Redoutons que la Métropole, avec ses poussées d’implacable logique, tente d’y introduire ses méthodes d’assimilation prématurées dont quelques-unes ont été funestes à l’Algérie. Notre belle colonie s’en est accommodée et, de nos jours, elle est parvenue à une prospérité qui fait l’admiration justifiée des Américains, Anglais, Hollandais, grands connaisseurs en œuvres coloniales ; l’Algérie peut donc revendiquer l’honneur d’avoir été l’embryon de notre empire dans l’Afrique du Nord. Il n’en est pas moins évident qu’il faut beaucoup de prudence, afin de ne pas mêler des politiques de nature dissemblable comme celle qui, à Tunis, eut de si beaux résultats et celle appliquée, en dernier lieu, à Rabat par le maréchal Lyautey.


L’INSTRUCTION PUBLIQUES DES INDIGÈNES

Assurer l’instruction des indigènes constitue l’un des problèmes des plus délicats que nous ayons à résoudre ; au milieu du trouble, issu de la guerre, on peut affirmer que non seulement la prospérité, mais la sécurité immédiate de notre établissement en dépendent étroitement.

Dans les partis socialistes extrémistes, aucune question n’a été plus exploitée. Que n’a-t-on pas avancé sans peser les conséquences de cette surenchère sur notre population indigène ? Au cours d’une récente discussion parlementaire, un orateur prétendait que, sur un budget algérien total d’environ 667 millions, l’instruction des indigènes ne figurait que pour 8 millions, alors que l’on compte une population approchée de 5 millions d’indigènes en face de moins d’un million de Français et d’Européens. Pour les besoins d’une cause qui s’efforce de provoquer des sentiments de désaffection on se gardait de montrer l’effort réalisé, tout au contraire, par les assemblées de la colonie. Évidemment, du fait de la guerre, en Algérie comme en France, les programmes préparés avant 1914 ont subi un inévitable retard, mais les établissements scolaires de la colonie n’en reçoivent pas moins, et sans distinction de race ou de religion, les indigènes et les Européens : cette égalité de traitement est la meilleure réplique aux exploiteurs de la cause indigène, quand ils travaillent à établir les luttes de classes entre deux populations de civilisations déjà différentes. Ajoutons que les assemblées