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réduites à cinq années en faveur des fonctionnaires pourvus de certains diplômes. La Commission de l’Algérie et des colonies, à la Chambre, a sanctionné ce principe, mais a cru devoir, afin de ne pas tarir complètement le recrutement métropolitain, en atténuer la rigueur ; les délais précités seraient réduits à cinq et à trois ans, et un poste sur quatre resterait attribué aux fonctionnaires de France, après entente sur le choix du titulaire entre le Ministre de l’Intérieur et le Gouverneur général ; encore faudra-t-il observer la loi et tenir compte de l’avis du Gouverneur général.

On vient très heureusement, dans un ordre plus général, de réaliser la création, au ministère de l’Intérieur, d’une Direction de l’Algérie en place du simple bureau qui centralisait les affaires de notre grande colonie. C’est là une mesure d’autant plus opportune que le service sera aux mains d’un fonctionnaire expérimenté et très distingué qui, dernièrement encore, était à la tête de la préfecture de Constantine.

Pour l’avenir de notre domaine africain, il est temps de modifier quelques-unes de nos méthodes, ainsi que je l’entendais exposer par l’un des agents les plus qualifiés et les plus avertis du protectorat à Tunis. Dans l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc), la Métropole devrait prévoir l’organisation d’une carrière administrative sensiblement unique [1] ; à la vérité, on ne saurait trop répéter que dans les affaires musulmanes de notre empire, s’il y a solidarité d’intérêts, il ne saurait y avoir identité entre la politique de chacun de ces trois pays et que chacun des représentants de la France, que ce soit à Alger, à Tunis, ou à Rabat, doit être maître de son action ; et cependant tout le monde sait que le lien de l’Islam n’en est pas moins une forte réalité ; devons-nous rappeler la pérennité du pèlerinage à la Mecque, qui assure un contact étroit des consciences musulmanes ? Le Coran a façonné assez uniformément la mentalité indigène, de Gabès à Mogador ; pour la gestion de nos affaires, il importe donc que nous ayons, un jour, une seule carrière administrative, grâce à la création d’un service civil nord-africain, comparable par son prestige et sa valeur à l’« Indian civil service » britannique. Les agents occuperaient, non seulement les emplois de contrôleurs civils et d’administrateurs

  1. A l’heure présente, l’administration au Maroc compte plusieurs agents du corps du contrôle tunisien ou du cadre des administrateurs d’Algérie.