Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/674

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à laquelle on n’était plus habitué. Dans certaines communes, les résultats ont atteint 98 pour 100, 99 pour 100 et même 100 pour 100, résultat d’autant plus remarquable que la perception portait sur deux exercices. L’impression a donc été excellente dans les milieux indigènes, composés de paisibles cultivateurs attachés à leurs biens.

D’autre part, la surveillance politique dans la colonie ne peut être menée que par les administrateurs : comment la conduire avec le tact nécessaire et surprendre les mille courants d’intrigues qui s’exercent sous la forme de tracts, de chansons, de racontars et déterminent souvent les mouvements les plus graves, les plus étendus ? Seuls des hommes expérimentés doivent être chargés de cette tâche délicate.

Quand on parcourt l’intérieur de l’Algérie, que l’on a l’occasion de vivre au siège d’une commune mixte, on est frappé de la bienveillance de nos administrateurs. Aucun des besoins indigènes n’est ignoré par ces excellents fonctionnaires. Ce sont eux qui assurent l’exécution des lois de finances, des règlements en matière de travaux publics, d’instruction publique et de colonisation et ils s’en acquittent avec une douceur remarquable ; ils sont, en somme, les tuteurs de nos populations, comme le disait, à la tribune du Parlement, M. Robert David, le précédent sous-secrétaire d’Etat qui a de l’Algérie une longue expérience.

Ayant pour ma part assisté à des séances de chekaia où les populations viennent traiter et discuter de leurs affaires, j’ai pu étudier ces réunions dites de djemaas des douars où se débattent, comme nous l’avons montré, les questions de propriété ; j’ai également vu une audience de tribunal répressif et aussi ces longues théories de pauvres hères déguenillés et affamés auxquels on distribuait alors, au plus fort de la disette, des secours en argent, en grains et en vêtements, tout cela dans un ordre parfait, sans récriminations et le plus souvent avec de touchants témoignages de gratitude.

J’étais d’autant plus sensible à ces spectacles que je revenais de Tunis où s’exerçait la plus perfide des campagnes anti-françaises. Il avait fallu l’énergie et le sang-froid du nouveau Résident pour dominer, dès son entrée en fonctions, un état d’esprit presque révolutionnaire. Je voyais dans notre Algérie, parfois injustement décriée par les idéologues de la Métropole qui