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connaissent leurs semblables, et, grâce à un service d’automobiles, on devrait augmenter les facilités du service de surveillance, pour faire obstacle à la poussée criminelle qui se manifeste depuis 1920.

En réalité, celle recrudescence de délits était due à des causes multiples [1], quelques-unes provenant de la guerre, telles que le retour des indigènes soldats ou travailleurs d’usine de guerre ou des ports, souvent gagnés à l’alcoolisme et fâcheusement contaminés, comme à Marseille où se commettaient tous les délits dans la plus sereine impunité ; il convient aussi d’incriminer l’amnistie qui a ouvert les prisons à tant de condamnés de droit commun, ce qui n’a pas été moins délétère pour la colonie que pour la mère-patrie.

L’insécurité provint également de l’erreur commise en 1914, quelques mois avant la guerre, lorsque le Parlement retira à nos administrateurs de communes mixtes une partie de leurs pouvoirs disciplinaires. La question des pouvoirs disciplinaires conférés aux administrateurs de communes mixtes a été le grand argument pour ceux qui, sciemment ou non, discréditaient l’autorité française. Certes, des abus ont pu être commis comme dans toute œuvre humaine, mais, il faut le proclamer, le corps de nos administrateurs est composé d’un personnel de haute moralité et de grand mérite, et nos musulmans ne sont jamais livrés sans défense et sans appel à l’arbitraire ou aux possibles erreurs. La Commission qui siège à Alger, au Gouvernement général, et qui a charge d’examiner ou de réduire ces peines, écarte ou réduit fréquemment les sanctions et on n’a pas souvenance qu’un gouverneur n’ait tenu compte de ses avis.

Pour réaliser l’intention du Parlement d’apporter quelques améliorations à ce que l’on appelle le régime des indigènes, c’est-à-dire l’indigénat, la méthode fut médiocre. On s’était plu à entourer ces derniers de je ne sais quelle auréole de victimes ou même de martyrs ; en réalité, on vivait sur des mots et on allait risquer de compromettre l’assise tout entière de la colonie.

  1. L’Administration algérienne signale, il est vrai, une amélioration dans ces derniers temps qui semble due, notamment, au rétablissement des pouvoirs disciplinaires, de nos administrateurs autant qu’à de meilleures conditions économiques. L’application de la mise en surveillance spéciale des indigènes a permis de réduire les bandes de malfaiteurs de l’Aurès, du Maadid, d’Akbou, de Palestro, de Mascara et on constate aussi, paraît-il, une réduction sensible dans le nombre des vols de bestiaux.