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10 octobre 1799 au 31 janvier 1800, sont décrétés d’arrestation Montlivault, Montmorency-Laval, Rancogne fils, Jean-Marie Pardessus, Puzela, futur beau-père de Paul Vallon que nous retrouverons, entre beaucoup d’autres. Annette est au nombre des personnes qui ne doivent pas être arrêtées immédiatement, mais pour lesquelles la justice déclare qu’ « il serait bon d’avoir l’ordre de faire visite domiciliaire, d’examiner leurs papiers et de les arrêter si on découvre quelques machinations. » (Feuille de police du 31 janvier 1800.) Elle est signalée sur la feuille de police par ces mots :

« Veuve Williams à Blois, donne retraite aux Chouans. » Nous ignorons si la perquisition eut lieu. Ce qui est certain, c’est qu’une action plus cohérente s’exerce maintenant contre les Chouans. La plupart sont démasqués ; les uns sont incarcérés, les autres surveillés et réduits à l’impuissance. La grande lutte à main armée dans l’Ouest s’achève le 26 janvier 1800 par la défaite de Georges Cadoudal à Pont-de-Loch, suivie de sa soumission. Les Chouans ne seront plus capables que de mouvements spasmodiques dans les années suivantes.

Source de tristesse pour la fervente royaliste qu’était Annette. Des chagrins d’ordre privé s’y ajoutaient. Sa sœur aînée Françoise à trente-cinq ans passés était victime d’un égarement sentimental. Et voici que son frère Paul avait quitté brusquement Orléans en 1800 pour mener à Paris une existence précaire et désordonnée dont nous reparlerons. Il n’est pas probable qu’Annette relatât toutes ces misères dans les lettres que recevait d’elle Wordsworth au début de 1802, mais elle en pouvait dire assez pour justifier l’exclamation de Dorothée : « Pauvre Annette ! »


EMILE LEGOUIS.