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Russie (décembre 1921) qui s’est rendue à Moscou, en vue d’étudier sur place les conditions de la reprise des affaires. Constituée sous le patronage du Ministre de l’Economie d’Empire, cette Commission a commencé ses travaux par une enquête qui a porté particulièrement sur les moyens de transport, la livraison de matériel de chemins de fer, la construction de ponts et de ports, les fournitures mécaniques et électriques. Elle étudie également les possibilités d’achat de minerais, l’exploitation des forêts, les conditions de l’exportation des fourrures, du tabac, du lin, du chanvre, et la mise en valeur des gisements de pétrole. C’est un bien grand programme de travail, s’il ne s’agit que d’un organisme d’études, mais, en raison du rétablissement des relations entre la Russie et l’Allemagne, cette Commission a pris un véritable caractère officiel. Son but est de rechercher tous les moyens pour intensifier les échanges que l’initiative privée a déjà commencé à rétablir.

Sous une forme encore plus pratique, un trust vient de se fonder à Berlin, avec le titre : « Office économique pour le Commerce et l’Industrie dans l’Est » , et suivant un programme qui atteste que déjà les cercles économiques allemands se groupent pour prendre leur place dans la restauration du domaine russe. M. K. G. Müller, membre de l’Office central des Chemins de fer allemands, est l’un des directeurs de la nouvelle organisation. Le trust comprend des banques ainsi que des entreprises commerciales et industrielles. Il réunit également des représentants d’institutions techniques et scientifiques, ainsi que les principales associations ouvrières allemandes représentant 14 millions de travailleurs.

Dans l’état actuel de l’Allemagne, au milieu du conflit violent des partis anciens et nouveaux, en face d’un Gouvernement trop souvent impuissant, il reste une force avec laquelle il faut compter : celle de l’opinion publique. Cette force s’est manifestée par les divers organes de la presse, en faveur d’une intervention en Russie. Cette politique sera d’autant plus efficace que le Gouvernement allemand n’a jamais rencontré chez les Soviets la même hostilité que les Puissances occidentales, qui ont soutenu les adversaires du bolchévisme.

Puisque la parole est à la presse, laissons parler un de ses plus notoires représentants, dont les jugements font autorité en Allemagne Théodore Wolff, dans le Berliner Tageblatt du