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la Russie, la partie la plus urgente est la remise en état des ports et de tous les moyens de communication. La navigation intérieure doit être réorganisée et M. F. Deutsch considère que les chantiers anglais auront, de ce côté, des fournitures importantes à effectuer. Il y aura lieu ensuite de restaurer les chemins de fer qui ne sont pas dans une aussi mauvaise situation qu’on a coutume de le dire. Les Bolchévistes ont déjà réparé de nombreuses locomotives ; l’Allemagne seule doit en livrer 700 nouvelles au printemps de cette année. La question du combustible est, pour les chemins de fer, beaucoup plus difficile à résoudre. Mais si l’on arrive à leur fournir du charbon anglais, il n’y aura plus aucun obstacle sérieux à une réorganisation à bref délai des transports. L’approvisionnement éventuel en pétrole pourrait être aisément assuré par l’augmentation des puits dans les districts pétrolifères de la région du Caucase.

En ce qui concerne les possibilités de vente en Russie, il faut se représenter clairement que le paysan russe est devenu conscient et beaucoup plus accessible que jadis à des considérations pratiques de politique réaliste. La plèbe agricole est la classe qui possède encore un certain capital et, quand on considère qu’elle manque de tous les articles d’usage courant, on se représente quelles possibilités commerciales peuvent, avec le temps, offrir ces millions de consommateurs.

Une production agricole intensive devra se développer le long des chemins de fer restaurés. La monnaie, à elle seule, est incapable de stimuler l’ardeur au travail du paysan ; ce n’est qu’en lui fournissant des denrées et les outils qui lui font actuellement défaut qu’on pourra obtenir ce résultat. Comme il s’est assuré, au cours des dernières années, une aisance relative, il sera facile de l’intéresser à l’achat de nouveaux produits manufacturés.

Les Soviets ne seront, naturellement, pas en mesure de régler immédiatement toutes ces dépenses de reconstruction. Il sera nécessaire de leur accorder des crédits, garantis par des gages, tels que les ports, les douanes et les concessions. Sur ce point capital, la combinaison allemande manque quelque peu de précision : elle laisse le champ libre à d’autres projets, pour le règlement du problème financier. L’Allemagne fournit la compétence : que d’autres apportent l’argent. Le moment