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qu’on ne doit rien faire avec les bolchévistes ; au contraire, il souhaite de collaborer avec eux, car il estime que leur chute plongerait la Russie dans le chaos. M. F. Deutsch a eu des entretiens avec Krassine, Radek et d’autres ; il prend au sérieux leurs engagements, et, d’après lui, les dirigeants du mouvement soviétique sont trop avisés pour conserver, après expérience, la foi dans la possibilité du Communisme. Les chefs actuels de la Russie seraient, au contraire, trop heureux de pouvoir dire au peuple russe : « Nous avons pu rétablir à nouveau le contact entre vous et le reste du monde. »

Bien avant les réunions qui ont eu lieu pour la formation d’un grand consortium, M. F. Deutsch suggérait qu’une conférence d’hommes occupant une situation prépondérante dans la finance et le commerce, pourrait se réunir à Londres, en vue de constituer un organisme de reconstruction de la Russie et d’arrêter les grandes lignes d’un programme de coopération internationale. D’après son plan, qui nous est connu par diverses publications de la presse allemande et par les intéressantes communications de la Société d’Etudes et d’Informations Economiques, il serait nécessaire de confier les détails d’exécution, non pas à un consortium central, mais à une série de groupements internationaux, spécialisés suivant la nature diverse des industries intéressées. Il y aurait ainsi une organisation particulière pour les constructions mécaniques, une autre pour les machines agricoles, une troisième pour les produits métallurgiques, chimiques, les textiles, etc.

Suivant ce programme de collaboration entre grandes Puissances, M. Deutsch considère que l’Amérique ouvrirait des crédits et livrerait des matières premières, que la Grande-Bretagne se chargerait des transports maritimes, consentirait des avances et livrerait également des produits manufacturés, tandis que l’Allemagne interviendrait comme fournisseur de toute la série des articles fabriqués. Les commandes données par la Russie passeraient par l’entremise de cette organisation internationale et seraient exécutées sur la base de prix déterminés, à un cours moyen entre le prix de revient en Angleterre et le prix de revient en Allemagne. En conséquence, les bénéfices réalisés sur les fournitures allemandes pourraient compenser les pertes subies sur les fournitures anglaises.

Dans ce problème de la reconstruction économique de