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exige des sommes énormes, à fournir par les pays qui n’ont pas souffert de la guerre, et des années d’un effort acharné, avant de procurer des bénéfices. Cependant, étant données la fertilité du sol russe, et les richesses naturelles qu’il recèle, le succès est certain et permettra non seulement la reconstitution de l’économie russe et la rémunération des capitaux investis, mais encore l’exécution des réparations allemandes.

M. von Braun se défend de songer à une annexion politique de certains territoires à l’Allemagne, et même à une exploitation économique du peuple russe, ou, du moins, il met en pratique la maxime de sagesse : « Pensons-y toujours, mais n’en parlons jamais. » Il s’agit d’établir, entre les deux peuples, une collaboration étroite, pouvant prendre une forme de régie intéressée. La Russie a surtout besoin des produits de l’industrie allemande ; elle est, d’autre part, en mesure de fournir une partie des matières premières utilisées par l’Allemagne. Il y a donc là des possibilités d’échange, sans dommage pour la monnaie de l’un ou l’autre pays, et, des perspectives très larges pour la technique et l’organisation allemandes, dont la Russie tirera elle-même avantage pour sa reconstruction.

Ainsi, dans la thèse de M. von Braun, l’Allemagne reste, malgré la guerre, au premier rang des Puissances qualifiées pour diriger cette œuvre de reconstitution et il réfute les objections qui, dans les pays alliés, pourraient s’élever contre l’exécution de ce programme. Il cherche à démontrer que l’Allemagne, non seulement ne veut pas, mais ne peut pas prétendre exercer son hégémonie militaire et économique sur une Russie qu’elle aurait contribué à rétablir sur des bases stables. Il ajoute que, d’ailleurs, il suffirait pour détruire ces préventions, dont il ne méconnaît pas l’importance, de ne pas laisser à l’Allemagne seule le soin de mener à bien cette tâche, mais d’associer ses efforts à ceux d’autres Puissances, de placer l’action de réorganisation sous un contrôle international, conçu de telle sorte qu’il soit capable de neutraliser toute tentative d’intervention politique, quelle qu’en soit l’origine.

La conclusion de M. von Braun intéresse plus particulièrement la France, car elle lie le problème de la reconstitution économique de la Russie à celui des réparations.

« Toutes les personnalités compétentes, dit-il, — même chez