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et des droits de douane, ainsi qu’il était obligé de procéder avec les articles en provenance d’autres nations. Quant aux livraisons, elles étaient surveillées par des spécialistes de manière adonner toujours satisfaction à l’acheteur ; lorsqu’il s’agissait de machines et d’outillage mécanique, le fournisseur envoyait, pour l’installation ; des ingénieurs qui mettaient les machines en marche et familiarisaient le personnel russe avec leur fonctionnement.

L’habileté financière des Allemands consistait également à résoudre le problème du crédit qui jouait, en Russie, un rôle capital, car il y a toujours eu, dans ce pays, une relation étroite entre le rendement des récoltes et la situation économique générale. L’époque et la variation de ce rendement influençaient le pouvoir d’achat, depuis le petit détaillant jusqu’au gros, importateur ou industriel, en nécessitant d’assez longs délais de paiement : aux foires de Nijni-Novgorod et de Irbit, on avait toujours l’habitude d’effectuer les règlements « à la foire prochaine. »

La question des transports n’était pas non plus négligée. Des tarifs spéciaux étaient accordés sur les voies ferrées aux marchandises à destination de l’étranger, en même temps qu’une politique suivie était appliquée à l’extension de la marine de commerce. A ce point de vue, le voisinage immédiat des deux Empires procurait à l’Allemagne un avantage fort appréciable et lui facilitait, en outre, le rôle d’intermédiaire pour un grand nombre de produits qui, bien qu’originaires de tiers pays, étaient cependant vendus à la Russie par l’Allemagne. Des services réguliers et fréquents entre les ports allemands et ceux de la Russie, tant dans la Mer Noire que dans la Baltique, rendaient les communications plus aisées et plus économiques. Le système de pénétration avait été renforcé et perfectionné par la création d’agences de transport et de dédouanement qui, les unes demeurant allemandes, les autres se mettant sous étiquette russe, monopolisaient, en fait, toutes les transactions, si bien que les concurrents de l’Allemagne devaient eux-mêmes s’en remettre à elles, pour leurs propres opérations.

L’Allemagne savait également tirer parti du grand nombre de nationaux qu’elle comptait en Russie, car à côté d’une foule d’individus dont l’établissement n’était que temporaire et de naturalisés de fraîche date, elle possédait des sympathies actives,