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des provinciaux et des curés. Je ne suis pas provincial, — ce qui a du bon, puisque c’est synonyme de propriétaire, — ni curé, ce qui est peut-être encore meilleur, mais je ne suis pas sûr d’échapper à la première rubrique.

Chargez-vous cette fois de mes amitiés pour Henri et croyez à ma vieille et respectueuse affection.


Au même


Paris, 31 décembre 1886.

Mon cher et respectable maître,

Je vais donc faire des efforts herculéens pour entrevoir le numéro de janvier des Lettres et les Arts, sûr d’être bien récompensé de ma peine. Mais savez-vous que lire cette revue est un des problèmes les plus difficiles à résoudre pour un Parisien ? Je ne connais qu’un moyen infaillible : aller la feuilleter à Odessa, où j’ai relevé un abonné, être mythique, le seul que je connaisse au monde. A Paris il y avait trois juives riches et affolées de littérature, abonnées l’an dernier ; je sais qu’elles n’ont pas renouvelé. Rothschild doit recevoir cette publication, mais il est en grand deuil et ne reçoit personne autre. Pensez donc : 300 francs par an, 30 francs le numéro ! Plus une armoire spéciale pour loger la collection de l’année, ce qui porte l’abonnement à un millier de francs ! C’est un problème pour tous les gens de presse que la durée de cette entreprise ruineuse. Et cela par un temps bien hostile aux débitants de prose...

J’espère que le Rhône s’est décidé à sortir de chez vous et qu’il aura fécondé vos garrigues en tordant ses cheveux. Il faut vous souhaiter de ne pas revoir cet hôte en 1887 et joindre à ce souhait tous ceux que je fais pour votre santé, votre infatigable labeur et votre repos. Avec ces trois équivalents, on amalgame presque du bonheur. Veuillez transmettre une bonne part de mes vœux amicaux à Henri et croyez-moi toujours, cher maître.

Votre dévoué serviteur.


Au même.


Paris, 25 avril 1887.

Mon cher maître.

Vous seriez justement surpris de ne pas recevoir mes compliments et mes vœux, au moment où vous fêtez cette millième