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le ravitaillement est précaire. « Tous les regards, toutes les espérances se tournaient vers le général Laperrine, alors sur le front de France. On sentait que la mort du Père de Foucauld supprimait le dernier lien moral retenant le chef du Hoggar, Moussa ag Amastane, contre les sollicitations et les menaces de nos ennemis ; et, le Hoggar faisant défection, c’était la perte des communications avec l’Afrique occidentale, c’était la rupture de notre bloc de l’Afrique septentrionale, c’étaient les Senoussistes de la Tripolitaine donnant la main aux Heibistes du Sud marocain, c’était toute la bande saharienne, depuis le Nil jusqu’à l’Atlantique, en insurrection victorieuse de l’Entente : quelle répercussion sur les esprits de toute cette Afrique ! »


LE GÉNÉRAL LAPERRINE COMMANDANT SUPÉRIEUR DES TERRITOIRES SAHARIENS

Le 12 janvier 1917, urne décision interministérielle nommait le général Laperrine, alors à la tête d’une division sur la Somme, commandant supérieur des territoires sahariens, avec la mission d’assurer la police saharienne. Le commandement était exercé par délégation du gouverneur général de l’Algérie, du gouverneur général de l’Afrique occidentale française, du résident général de Tunisie. Il englobait en Algérie les annexes de Beni-Abbès, de Timimoun, d’El-Oued, le territoire des oasis sahariennes, les centres de Ghardaïa et de Touggourt, en Afrique occidentale française les territoires sahariens limités par une ligne partant des confins de la Mauritanie et englobant Araouan, Bamba, Gao, Tahoua, le cercle d’Agadès, Bilma et le Kaouar. Le but du Gouvernement était triple : éviter les conflits entre les diverses colonies, obtenir entre elles une réelle coopération, arriver à quelque unité dans les méthodes de police saharienne. Ainsi le Gouvernement réalisait sans le savoir — ne le savait-il pas ? — tous les désirs du général Laperrine. Avec quel entrain et quelle ardeur enthousiaste le général Laperrine allait s’y consacrer, le maréchal Lyautey, aussi documenté sur la valeur des hommes que sur celle des méthodes, le savait pertinemment.

« Quand on apprit le retour du général au Sahara, ce fut une immense clameur : soulagement de notre côté, rage et déception du côté adverse. Les menaces et les rodomontades y tombèrent plus bas qu’à l’annonce de l’arrivée de mille hommes