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faisant ressortir l’effet politique que ce voyage produirait sur les populations de l’Azbin et sur les avantages qu’en retireraient les représentants des deux colonies en réglant sur place, à Agadès, les différentes questions intéressant leurs territoires respectifs. » Hoc erat in votis. Oui, tels étaient précisément les vœux du colonel Laperrine et du lieutenant Sigonney, son fidèle truchement. Le lieutenant Sigonney, avec ses Sahariens et les Soudanais de Zinder, de Tahour et d’ Agadès, arriva à Agadès le 9 septembre et y séjourna une semaine, une semaine de travail et d» fêtes. Il recueillit des renseignements utiles sur le commerce transsaharien et sur les dispositions d’esprit des populations de l’Azbin ; on convint que des caravanes seraient organisées entre l’Algérie et l’Air ; on s’entendit sur les moyens.

Puis, ayant ainsi planté des jalons précieux pour l’avenir du Sahara, le lieutenant Sigonney reprit la route de l’Ahaggar dont il allait être le premier occupant permanent, et où il allait, le premier, appliquer les idées du colonel Laperrine. Il écrit : « Ma mission fut de continuer l’apprivoisement des Touareg Hoggar, de leur inculquer l’esprit de discipline vis-à-vis du Gouvernement français, d’établir des liaisons effectives avec le Soudan, avec Agadès d’une part, Kidal de l’autre, enfin de protéger nos tribus contre les pillards. » Les Hoggar étaient à ce moment apprivoisés et se pliaient aux ordres de leur amenonkal, Moussa ag Amastane, devenu notre auxiliaire loyal et dévoué. Mais un certain nombre d’entre eux allaient nomadiser dans l’Adrar, parce que leurs troupeaux étaient décimés par la sécheresse persistante du Hoggar ; vainement, Moussa, sentant qu’ils échappaient à son influence, leur enjoignait de revenir. Le lieutenant Sigonney jugea opportun d’aller les rappeler à la discipline. Au cours de son inspection, il fit d’une pierre deux coups ; à Kidal, il entra en relation avec le commandant soudanais du secteur. « Ifor’as, Kel Aknet, Ahaggar se rendaient compte une fois de plus que nous pouvions les atteindre en tous lieux et qu’une entente cordiale existait toujours entre les Sahariens et les Soudanais. » Enfin, sur un ordre venu d’In-salah, le lieutenant Sigonney partit pour la plaine d’Admer, afin de renforcer les troupes qui opéraient contre les Touareg Ajjer. Ainsi, le général Laperrine avait tout prévu, avait avisé à tout.

Lui-même, en cette année 1909, se rendit à Gao et à Nyamey, en Afrique occidentale française ; il y régla avec le