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de la France, sur les côtes de Tunisie, suivant les prévisions si bien étudiées de M. Raphaël Dubois, la culture de l’huître perlière.

D’autre part, la France possède, dans ses colonies de l’Océanie, et notamment aux Nouvelles-Hébrides, les plus vastes bancs d’huîtres perlières et nacrières qui soient au monde. Il est très probable que, si les perles fines naturelles y étaient néanmoins peu abondantes, c’est à cause de la rareté, dans ces parages, du parasite qui semble provoquer la formation de ces perles. Grâce au procédé Mikimoto, si nous voulons et savons rappliquer, cet inconvénient disparaît, et la France possède une source non pareille de prodigieuses richesses.

Que si quelque jour, et par l’abondance même des perles cultivées, le prix des perles fines devait quelque peu baisser, il faudrait, dussent quelques intérêts particuliers en souffrir, s’en réjouir dans l’intérêt général, et ne pas s’arrêter aux objections d’un malthusianisme néfaste.

Quant aux élégantes qui, depuis que Cléopâtre en créa la mode, se plaisent à orner leur beauté de perles somptueuses, j’imagine que ces éventualités ne peuvent que leur agréer. Car comment imaginer sans leur faire injure qu’elles aiment les perles parce qu’elles sont chères et non pai-ce qu’elles sont belles ?

S’il en était autrement, on serait mal fondé à considérer le margarita ante porcos comme péjoratif à l’égard de ces pauvres animaux. Car enfin, il prouverait seulement qu’ils ignorent la valeur de l’argent. Est-ce une infériorité ?


CHARLES NORDMANN.