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publier le résultat d’une étude toute récente du technicien remarquable qu’est M. Lyster Jameson, laquelle met définitivement fin aux discussions soulevées à cet égard dans la presse anglaise.

Ni la lumière polarisée, ni les rayons X, ni la photographie, n’ont permis de distinguer une perle cultivée d’une perle naturelle.

La seule différence établie entre elles est que les perles cultivées du Japon, lorsqu’on les compare aux perles fines de l’Inde, manifestent une fluorescence un peu différente sous l’influence de la lumière ultra-violette. Cette différence est due à une légère dissemblance dans les propriétés optiques de la nacre perlière des huîtres du golfe Persique et de celle des huîtres japonaises. Mais cette différence se produit aussi entre les perles naturelles de l’Inde et les perles naturelles du Japon. Elle ne peut donc pas servir à distinguer les perles naturelles des perles cultivées, mais seulement les perles (naturelles ou cultivées) des Indes des perles du Japon, lesquelles ont une beauté et une valeur égales.

On peut donc conclure avec M. Boutan et tous les savants éminents qui se sont occupés de la question qu’il est réellement impossible de distinguer une perle cultivée d’une perle naturelle.

« La perle fine n’a de valeur que par ses qualités superficielles. Personne n’ignore que beaucoup de perles fines naturelles ont pour point de départ, pour noyau un grain de sable ou un corps organique d’origine animale. La variété même de ce noyau fait qu’il ne peut entrer en ligne de compte pour estimer la valeur de la perle, et l’homme est parfaitement en droit de choisir lui-même le noyau qui lui paraîtra le plus favorable pour forcer l’huître à élaborer la perle fine. »

Il faut donc conclure : scientifiquement, la perle fine cultivée a, au même titre que la perle fine naturelle, le droit d’être appelée perle vraie.

La culture des perles fines va-t-elle avilir le prix des perles naturelles ? Ni le professeur Joubin, ni le professeur Boutan ne le croient, — du moins pour un avenir immédiat, — à cause de la difficulté, des aléas, et de la durée de la culture. Ils estiment que le prix des perles ne pourra fléchir que dans les faibles limites où fléchirait le prix de l’or ou du diamant, si l’on découvrait de nouvelles mines.

En tout cas, — et puisque nous effleurons en passant le côté commercial de cette question toute scientifique, — le procédé Mikimoto a, au point de vue français, une très grande et très heureuse importance. D’une part, en effet, il permettra d’organiser aux portes mêmes