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on me permettra de ne pas insister, — et dont la moindre est la trépanation, — M. Boutan a obtenu la production par ces animaux non pas de perles de nacre ni de perles fines, mais de ces perles de qualité et d’orient intermédiaires qu’on appelle des demi-perles.

L’étude au microscope de la structure comparée des perles fines, de la-nacre et des demi-perles a conduit M. Boutan à des conclusions fort importantes. Ces observations microscopiques ont été récemment reprises avec les demi-perles dites japonaises. Ces demi-perles sont connues dans le commerce depuis une vingtaine d’années. Celles qu’on put voir dès lors à l’exposition universelle de 1900 se composaient de deux lentilles plan-convexes de nacre tournée collées par leur surface plane. L’hémisphère supérieur est recouvert d’une couche de nacre perlière de quelques dixièmes de millimètres et d’un joli éclat. Cette couche n’existe pas sur l’hémisphère inférieur de la demi-perle, lequel a l’aspect de la nacre de nos boutons de chemise Le diamètre de cet hémisphère inférieur est plus grand que celui de l’autre, de façon que ce dernier ne fasse pas saillie.

Ces demi-perles japonaises étaient évidemment obtenues en introduisant dans l’huître un hémisphère de nacre tournée sur laquelle l’huître dépose ses concrétions perlières. On accole après coup à l’hémisphère ainsi cultivé un autre hémisphère de nacre. Si, dans cette fabrication déjà ancienne, on ne cultivait qu’un hémisphère et non pas une sphère complète, c’était évidemment à cause de la nécessité de poser, de fixer la pièce à recouvrir sur la face interne de la coquille du mollusque, de manière que celui-ci ne puisse l’expulser. D’ailleurs, le manteau de l’huître se modèle sur un objet introduit sur la coquille en formant une sorte de capuchon qui ne peut recouvrir l’objet que partiellement et donne une perle incomplète. Nous verrons tout à l’heure comment les Japonais ont tourné cette difficulté et réussi la culture des perles entières qui viennent de faire leur apparition d’une manière si retentissante.

Certaines de ces demi-perles japonaises, — celles qui sont obtenues avec la méléagrine, — présentent d’ailleurs microscopiquement tous les caractères des perles fines et elles méritent le nom de perles fines incomplètes. On en fait depuis une quinzaine d’années un merveilleux usage dans les bijoux qui ne doivent présenter à la vue qu’une fraction plus ou moins complète de la sphère perlière, — barrettes, bagues, etc., à l’exclusion des colliers.

Dès longtemps un savant japonais réputé, M. Mikimoto, dans l’exploitation qu’il avait organisée dans la baie d’Ago, près de l’île de