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procédé a été oublié et on ignore s’il se rapprochait du procédé actuel qui est d’origine française.

Celui-ci consiste à utiliser, pour faire les perles, des globules de verre que l’on souffle à la lampe d’émailleur. On emploie des verres opalins dont on s’attache à obtenir des globules très minces. On y introduit une goutte d’essence d’Orient, dite aussi « blanc d’ablette, » et qui n’est autre que la substance argentée des écailles d’ablette frottée dans une eau pure qui est ensuite tamisée. La matière recueillie est ensuite conservée dans l’ammoniaque et l’enduit qu’on en fait sèche rapidement sur la surface interne du globule de verre où il est répandu. Il ne reste plus qu’à remplir l’intérieur du globule avec un peu de cire blanche fondue pour lui donner du poids et de la solidité.

Venons-en aux essais anciens de culture des perles. Depuis une haute antiquité, les Chinois de la province de Tché-Kiang et dans le voisinage de Hou-Tchéou-Fou, utilisent une coquille d’eau douce pour faire recouvrir de nacre des figurines de petits « boudhas » ou des rangées de petites perles qu’on trouve couramment dans les boutiques d’Extrême-Orient.

En Europe, dès 1761, l’illustre Linné fit savoir au Roi et à la diète de Suède qu’il pouvait contraindre les mollusques à produire des perles et offrit de faire connaître sa méthode pour le bénéfice de l’État. On lui vota une récompense, mais on rejeta sa proposition de parquer et d’exploiter les moules perlières, par son procédé qui consistait à aller à travers la coquille du mollusque irriter son « manteau » et à l’obliger ainsi à produire des perles de nacre.

C’est que la perle de nacre, bien que chimiquement semblable à la perle fine et composée comme elle d’une sécrétion calcaire, n’en a point l’éclat sans pareil, la beauté, l’orient délicieux. Nous verrons tout à l’heure à quoi semblent tenir ces différences.

Ce « manteau » dont il vient d’être question, — pallium, — est une lame membraneuse qui est appliquée sur la face interne de la coquille et entoure le corps du mollusque. C’est la sécrétion du manteau qui, semble-t-il, forme la coquille et la nacre, et éventuellement la perle.

Parmi les tentatives plus ou moins analogues à celles de Linné, celles de M. Boutan sont parmi les plus remarquables. Elles ont porté sur certains gastéropodes et notamment sur l’Haliotis, mollusque abondant dans la Manche et dont la robustesse se prête bien à cette sorte de vivisection.

Moyennant des opérations assez compliquées sur le détail desquelles