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d’Arcachon et dont mon maître Dastre signalait, il y a plus de vingt ans déjà, les remarquables travaux sur les perles.

M. Louis Boutan vient de présenter à diverses sociétés savantes, et notamment à l’Académie des Sciences, plusieurs communications remarquables au sujet des perles japonaises. Ce sont ces communications dont je m’aiderai ici. et aussi des travaux récents réalisés en Angleterre et qui conduisent aux mêmes conclusions.


Mais tout d’abord, qu’est-ce que les perles fines ? Qu’est-ce que ces joyaux fastueux aux reflets tendres comme des regards et si inutilement jolis dont l’Orient, la Grèce et Rome nous ont transmis le goût ? On sait qu’ils se trouvent dans le corps de certains mollusques et surtout de ce grand bivalve qui, sur les côtes d’Asie, donne encore aujourd’hui les perles les plus pures : l’huître perlière ou méléagrine. A vrai dire, les naturalistes savent que celle-ci n’est pas une huître, mais appartient à un autre genre assez différent de mollusques : les avicules. Nous continuerons cependant à l’appeler huître perlière, car s’il fallait désigner toutes les choses par leur nom, on risquerait de n’être plus compris de personne. Les anciens Hindous croyaient que la perle était une goutte de rosée tombée dans le mollusque et que le soleil y avait figée. La science, cette vilaine empêcheuse de déraisonner en rond, a vaporisé cette gracieuse légende. Nous savons aujourd’hui que la perle fine (qu’il ne faut pas confondre avec sa parente pauvre, la perle de nacre) est produite d’une manière beaucoup moins poétique.

Pour certains naturalistes, la perle (qui est faite chimiquement de calcaire et d’eau avec très peu de matière organique) n’est qu’un petit kyste formé dans l’intérieur même de l’huître et que celle-ci calcifié pour en débarrasser ses tissus sains, de même que certains vertébrés calcifient les lésions que leur cause la tuberculose. D’autres assurent que ce kyste de l’huître perlière est produit par les larves de certains vers parasites analogues au ténia. On trouve en effet souvent de ces larves au centre des perles. Celles-ci seraient donc, à beaucoup d’égards, analogues aux kystes dont est affligée notre triste humanité, au kyste hydatique du foie, par exemple. Pour d’autres enfin, la perle serait une concrétion calcaire sécrétée par le rein du mollusque et pareille à nos calculs néphrétiques et urinaires. Toutes ces explications ont un point commun et bien établi : la perle n’est qu’une maladie de l’huître perlière. Que celle-ci soit un malheureux être graveleux