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REVUE SCIENTIFIQUE

PERLES FINES ET PERLES JAPONAISES

Il y a en ce moment une question qui émeut une bonne partie de la Terre et toutes les étoiles... je parle de celles qui aiment à se parer de joyaux dont le rapt éventuel pourra consacrer dans les gazettes une gloire qui brûle d’éclater au grand jour.

Cette question, qui dans les conversations féminines passe infiniment en importance le problème des réparations ou celui de l’armée nouvelle, est celle des perles dites « japonaises. » Est-il vrai qu’une rivale imprévue et redoutable de la perle fine d’Orient soit sur le point de supplanter ou du moins d’égaler celle-ci ? C’est ce que je voudrais examiner ici. La question est d’importance à divers points de vue. Au point de vue mercantile d’abord, puisque le commerce des perles est un des plus considérables qui soit, et puisque d’ailleurs beaucoup de personnes privilégiées possèdent de véritables fortunes en perles, ayant placé sous cette forme l’excès de leurs capitaux pour le mettre plus sûrement à l’abri des vicissitudes auxquelles sont exposés par le temps qui court les placements classiques. On nous permettra de négliger ici complètement ce point de vue très particulier.

C’est d’un angle exclusivement scientifique et technique que j’examinerai si l’ingéniosité industrieuse de l’homme a réellement réussi à reproduire, avec toute leur beauté et toutes leurs propriétés particulières, ces objets qui, dès avant Cléopâtre, n’ont pas cessé d’être considérés comme des merveilles de la nature.

Je prendrai pour cette étude le plus compétent et le plus savant des guides, le professeur Louis Boutan, de la Faculté des sciences de Bordeaux, directeur du laboratoire de biologie de la Société scientifique