Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SIX MOIS
À L’UNIVERSITÉ YALE

II [1]


LES ÉTUDIANTS. — LES MÉTHODES D’ÉDUCATION

Me voici en plein travail. J’ai commencé mes cours à la Graduate School, et j’apprends à connaître dans l’intimité de leur esprit ces étudiants dont seuls les gestes et les manières étaient jusqu’ici intelligibles pour moi. Et j’apprends en même temps à les aimer. Il est difficile de donner une idée de leur droiture, de leur naturel ouvert. J’ai, il est vrai, l’élite de Yale, ceux qui, sans perdre de vue leur carrière, ont cependant reconnu que le savoir porte en lui sa propre récompense. Mais j’en ai vu assez pour m’apercevoir qu’il y a une façon d’être commune à tous ces jeunes gens. La curiosité est l’assise sur laquelle ils édifient leurs études. Dès qu’ils ont appris qu’un professeur français allait séjourner parmi eux, tous ceux qui remplissaient les conditions pour » prendre » mes cours, comme ils disent, ont vu là une occasion d’élargir leurs perspectives intellectuelles. Ils l’avouent franchement : c’est comme s’il leur était donné de faire une excursion en pays étranger, d’expérimenter des méthodes nouvelles. Ils en attendent un enrichissement de leur esprit ; ils y voient une de ces « expériences » sur la succession et le nombre desquelles ils fondent toute certitude

  1. Voyez la Revue du 1er février 1922.