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flamme vive, ardente, pétillante, d’un éclat intense… Je connais un atelier situé sur une côte, à l’entrée des pignadas landais, où ce brasier palpite encore souvent au crépuscule. On le voit tomber, se ranimer, jeter de courtes lueurs, osciller un moment sur la ligne immense d’ombre sortie de la forêt. On dirait un œil qui clignote, un œil énorme et enflammé, tout brûlant, dont l’aspect est tel qu’il fait hésiter au loin les passants, et que les chiens, arc-boutés sur leurs pattes, la queue en cercle sous le ventre, hurlent à la mort en le fixant.

La dimension donnée au bois pour la vente varie avec chaque pays. Chez nous on scie des bûches et des rondins d’un mètre, et des piquets d’un mètre 20. Les faissonnats sont débités à 2 mètres de long et à 1 m. 20 de tour. Comme ils sont achetés par les boulangers pour leur four, on a l’habitude de mêler à chaque fagot deux ou trois bûches. Celles-ci, une fois les branches consumées, continuent à brûler et maintiennent dans le four la chaleur nécessaire à cuire le pain. Les faissonnats sont façonnés dans des « moules », appareils rudimentaires composés de deux traverses accouplées où, à distance calculée, face à face, sont fichées quatre hautes et fortes chevilles. Les branches sont couchées là-dessus, empilées entre les chevilles, dans le sens transversal, jusqu’à ce qu’elles atteignent le volume demandé. Elles reposent aussi sur des liens de bois tordu, à plat contre le sol, que l’on rabat et que l’on noue sur elles. Et le fagot est fini. Tout bois et de tout âge n’est point susceptible de faire, sans se casser, ces sortes de cordes. On choisit des rejets de deux ans, hauts d’un mètre 50 au moins, soit de chêne, de noisetier, de saule, soit d’une essence blanche.

On les ramasse un peu à l’avance, afin que, durcis, ils résistent mieux à la torsion fortement imprimée sous le pied. Tout cela terminé, le bois est disposé pour la vente ; en « toises » de quatre mètres cubes s’il s’agit de bûches et de rondins, en « cordes, » s’il s’agit de piquets. Une corde en contient mille. Pour les faissonnats, on les dresse par vingt, la charge d’un char, le long des baliveaux. La marchandise « montre » ainsi « ce qu’elle est, » et de plus s’aère, se sèche lentement. On paie 20 francs de façon la toise, 50 la corde, 10 le char. On écoule en ce moment les bûches à 60 francs, les piquets à 150, les fagots à 20. Les quelques pièces légères du lot font l’objet d’un marché à débattre… Ici, je ne puis passer sous silence, au risque d’être moqué, l’ac-