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« Pourquoi, monsieur, vous êtes-vous engagé, sur la foi d’autrui, dans des critiques de détail sur quelques points d’histoire concrète étrangers à vos études ? Vous avez eu trop de confiance dans une érudition novice, armée contre moi de textes regardés en courant et d’un esprit de système autrement absolu que le mien. Je pourrais discuter victorieusement la plupart des faits sur lesquels je semble pris en faute. Je me bornerai à deux : l’un de l’histoire d’Angleterre, l’autre de l’histoire de France.

« Vous affirmez, monsieur, que le seul témoignage digne de foi, comme contemporain : celui d’Ingulf, est contraire à la prétendue désignation faite par le roi Edouard, de Harold comme son successeur ; mais il y a là-dessus un témoignage tout aussi contemporain et bien plus présent que celui d’Ingulf, c’est une complainte composée entre la mort d’Edouard et le couronnement de Harold, qui se trouve dans la Chronique saxonne, à l’année 1065. On lit, traduction littérale : « Mais le prudent prince posa ferme ce royaume sur des hommes de haute naissance, sur Harold personnellement, le noble comte... » De plus, en 1065, Ingulf était à Jérusalem, d’où il ne revint qu’en 1066, au moment du départ de la flotte normande. C’est alors qu’il trouva en Normandie toutes les fables répandues dans ce pays, depuis le serment de Harold, et auxquelles ce fatal serment donnait une pleine vraisemblance.

« Quant au second fait, le point le plus triomphant de la critique de M. Aubineau contre mes Récits des Temps Mérovingiens, c’est-à-dire la lettre de saint Germain et sa date, M. Aubineau n’a pas lu le texte de cette lettre et n’a pas lu davantage le récit d’Adrien de Valois qui en fait mention ; il s’est contenté d’ouvrir le quatrième volume de dom Bouquet ; il a vu en marge de la pièce la date 574 et il s’en est tenu là. Or, cette date est fausse et la lecture des cinquante premières lignes de la lettre, le prouve manifestement. Saint Germain s’y excuse de n’être pas allé personnellement au-devant de la reine. C’est d’après ses propres paroles et d’après le récit d’Adrien de Valois, que j’ai construit le mien.

« Si M. Aubineau, qui me juge, non avec des études approfondies, mais avec des recherches faites ad hoc et sur l’heure, connaissait de l’ouvrage d’Adrien de Valois, autre chose que le titre et la page où il est question de la ruse de Frédégonde, il