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Quelques-uns, chefs d’illustres familles, sont les cadres qui subsistent de cette société indigène disparue sous les efforts de la Métropole vers l’assimilation. D’autres, — et la constatation peut être utile, — ont un esprit nouveau, réaliste ; sans aspirations politiques, ils désirent simplement et sincèrement, semble-t-il, collaborer à l’œuvre française algérienne. Ceux qui sont arrivés aux délégations financières, professent un programme plus spécialement économique ; ils nous offrent, là, un spectacle du meilleur exemple au milieu de l’agitation créée par les autres partis. A nous de savoir mettre en valeur ces indigènes que j’appellerai volontiers de véritables « jeunes Algériens » au bon sens du terme.

Dans cette phalange, une action gouvernementale avisée trouvera de précieux concours pour la collaboration musulmane. Une telle politique, il ne faut pas tarder à l’entreprendre avec tact, sans imprudence, mais sans faiblesse, si nous ne voulons nous exposer à ne plus trouver qu’une poussière de populations se soulevant au gré de tous les vents.

Donnant leur collaboration aux partis indigènes d’opposition, apparaissent de nombreux déchets de l’administration, adels ou notaires révoqués, caïds prévaricateurs congédiés, qui vont à nos adversaires, jouant leur rôle dans le malaise politique de la colonie. Durant les deux années qui viennent de s’écouler, ils exploitèrent le mécontentement d’une population contrainte à des restrictions dont elle méconnaissait la nécessité. Se produisait-il des erreurs dans le ravitaillement, suite de statistiques erronées, à plus forte raison quelque désordre était-il constaté, immédiatement l’incident était grossi avec un art qui surprendrait, si on ne savait ces gens aux mains d’agitateurs professionnels. Ceux-ci ont été pour une large part dans les difficultés presque insurmontables que rencontra le précédent gouverneur.

Pour compléter cet aperçu des partis indigènes en Algérie, disons quelques mots des « jeunes Tunisiens » qui de la Régence influencent les « jeunes Algériens. »

Le groupement ou plus exactement la création de ce parti tunisien remonte à quelques années avant la guerre ; on y retrouve l’Allemagne dont un agent vint alors à Tunis [1]

  1. Probablement un certain Oppenheim dont on suit la trace à la base de toutes les intrigues germaniques dans l’Orient de la Méditerranée et dont nous avons, nous-même, vu l’action durant notre séjour à la légation de Téhéran.